Avec une productrice de lait et ses vaches trop mignonnes

Dans sa ferme d’Upper Jay, dans l’État de New York, Margot Brooks produit chaque jour des produits laitiers. En plus de ça, la jeune femme élève des veaux, des bœufs et de superbes vaches. Issue de la cinquième génération d’une famille d’agriculteurs, elle a grandi dans la ferme familiale, sur des terrains de plus de 3 km², entourée d’une centaine de vaches. Aujourd’hui, Margot gère sa propre exploitation, bien plus petite, où l’on trouve 12 vaches : cela lui permet d’offrir des produits issus de l’agriculture biologique, de meilleure qualité.

Dans le cadre de notre série « La vie des autres », on a donné à Margot deux appareils jetables pour qu’elle capture l’une de ses journées de travail, entre traite du lait, balades dans les champs, préparation du fromage et insémination artificielle d’une vache. Voici ce qu’elle avait à nous raconter sur cette journée.

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VICE : Salut Margot ! Comment s’est déroulée cette journée ?
Margot Brooks : Je me suis levée à 5h30, j’ai pris mon café et j’étais dans la grange à 6 heures pour nettoyer et désinfecter le matériel de traite. On a fait rentrer les vaches du pâturage pour les nourrir. Ensuite, c’était l’heure de la traite : en général, ça nous prend une heure. Pendant la traite, on examine les vaches pour vérifier si elles sont en chaleur ou si elles sont blessées et ont besoin d’être pansées. J’en ai profité pour inséminer artificiellement une vache qui était en chaleur et soigner la blessure sur la patte d’une autre. Après la traite, on a ramené les vaches dans les prés.

J’ai pris un petit-déjeuner rapide, puis j’ai mis le lait en bouteille pour pouvoir le vendre au magasin. Casey a fait quelques fromages et je suis allée la voir à la crémerie pour l’aider à les mouler. Notre ami Tyler, qui s’occupe de la ferme Blue Pepper Farm, est arrivé avant la traite de l’après-midi pour nous aider à entreposer quelques bottes de foin. À 16h30, c’était à nouveau l’heure de la traite. Vers 19 heures, on avait fini le travail pour la journée : on est rentré boire une bière et manger.

Pourquoi avez-vous choisi de devenir agricultrice ?
J’ai grandi dans la ferme de mes parents, dans l’État de New York. Elle appartient à ma famille depuis cinq générations. Quand j’étais enfant, j’adorais aider mon père avec les corvées : nourrir les veaux, leur donner du foin, se balader en quad sur le terrain… J’avais mon petit troupeau de chèvres, rien que pour moi. C’était une enfance magique. Quand je suis partie à l’université, j’avais tout plein d’idées utopistes en tête sur la manière dont les humains devraient vivre sur cette planète. Lors de ma dernière année, je me suis rendu compte que l’élevage était une manière de vivre en communion avec la nature tout en produisant quelque chose de concret et de nécessaire : de la nourriture.

J’ai remarqué un énorme calendrier sur le mur. Qu’est-ce que c’est ?
C’est le calendrier des reproductions. On y note les dates de mises à bas et de chaleurs. Un aspect très important de la production laitière, c’est de s’assurer que les vaches soient pleines pour qu’elles puissent continuer à produire du lait. Une vache doit avoir un veau pour faire du lait, ce que tout le monde ne sait pas forcément. Nous n’avons pas de taureau ; à la place, j’insémine artificiellement les vaches grâce à du sperme que nous conservons à basse température dans une cuve de nitrogène liquide.

Vendre du lait cru, n’est-ce pas interdit par la loi ? Comment arrivez-vous à le vendre ?
Les lois sur le lait cru varient d’un État à l’autre. Dans certains États, il est interdit de vendre du lait cru pour la consommation, mais pas dans celui de New York. Vous pouvez avoir une licence pour en vendre, mais vous ne pouvez le faire que sur le terrain de la ferme : on ne peut pas le vendre sur des marchés fermiers, dans des magasins ou à des restaurants.

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