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Pourquoi vous n’entendrez bientôt plus « on fait 50/50 ? » à la fin du repas

À San Francisco, une humoriste a eu l'idée de développer Equipay, une application qui répartit l’addition du resto en fonction des inégalités représentées à la table
Foto von olaiskjaervoy via Flickr

Vous avez tous déjà vécu l'angoisse de l'addition après un dîner entre potes. Vous êtes huit à table. Votre coloc vegan a mâchouillé une feuille de salade pendant tout le repas alors que votre copain hédoniste en est à son quatrième verre de vin. Il y a aussi celui ou celle qui a commandé une planche de charcuteries à 25 € et qui espère s'en tirer en lançant un « billet de vingt pour oim » au moment de payer, sans une once de considération pour la TVA et le pourboire. Bref, un enfer.

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Diviser l'addition en huit risque de froisser ceux qui se sont serrés la ceinture et passer trois heures à faire des calculs savants pour savoir ce que chacun doit se termine souvent par une erreur mathématique qui transforme la soirée en cauchemar. En plus, il y en a toujours un qui va joyeusement balancer sa Visa Gold dans la mêlée tandis que d'autres retournent leur poche pour réunir la somme requise.

Que peuvent bien faire les convives en quête de justice ?

C'est là qu'Equipay entre en jeu.

Développée à San Francisco par la comédienne Luna Malbroux, Equipay est une appli qui va faire tout ce laborieux travail de répartition de l'addition en prenant en compte des critères que vous n'oseriez probablement pas invoquer : les inégalités de salaire subies par les femmes et les minorités ethniques. Après tout, si à travail égal une femme noire gagne soixante-quatre centimes quand un homme blanc gagne un euro, est-ce vraiment équitable de les voir payer chacun la moitié de cet assortiment de tapas mexicaines à 34 € ?

Malbroux a eu l'idée d'Equipay à l'occasion du Comedy Hack Day. Son appli pourrait venir en aide aux bruncheurs technophiles tout en soulignant les inégalités salariales. L'idée c'est d'appuyer où ça fait mal ainsi que sur l'écran de votre Smartphone. C'est le but du Comedy Hack Day : permettre aux humoristes de rencontrer des développeurs et des designers pour mettre en place des produits ou des services qui réunissent à la fois humour et utilité.

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Equipay, qui a gagné le grand prix de la compétition, utilise les données fournies par le Département du Travail américain pour déterminer quel pourcentage de l'addition chacun doit payer en fonction du salaire moyen gagné par les gens qui partagent le même sexe et la même couleur de peau. C'est de la « discriminaddition positive ».

Pour illustrer son initiative, Malbroux décrit un dîner à San Francisco entre amis. Si un homme blanc partage son repas avec une femme noire et un homme asiatique, l'homme blanc règlerait 75 $ d'addition et son pote asiatique 89 $, parce que les hommes asiatiques qui bossent dans les nouvelles technologies gagnent statistiquement 22 % de plus que leurs collègues blancs. Par contre, la femme noire ne payerait que 51 $ parce que son groupe démographique est globalement sous-payé par rapport aux autres. Merci, Equipay !

Luna Malbroux est à la fois humoriste et éducatrice en charge de la diversité. Elle mène d'autres projets en parallèle comme Live Sex SF, un talk-show interactif qui met à nu (blague) différents problèmes liés à la sexualité. L'objectif du Comedy Hack Day, selon Cultivated Wit, l'organisation qui l'a élaboré, c'est de montrer que « l'humour porté par un design léché et un usage créatif des nouvelles technologies permet de simplifier et de rendre amusantes des idées complexes et un peu rébarbatives. »

Malbroux confie à Care2 que si l'appli a d'abord été créée pour blaguer autour d'un sujet sensible, c'est finalement un outil pratique pour appliquer un peu de justice sociale dans la vie de tous les jours. Elle espère que l'appli encouragera les gens à parler de ces problèmes d'inégalité et montrera comment les nouvelles technologies peuvent avoir un rôle à jouer. L'équipe espère pouvoir lancer Equipay dans les mois qui viennent.

« Les gens de notre équipe ont différentes origines sociales et professionnelles. C'est ce qui a rendu le projet si drôle et intéressant, parce qu'il y avait tellement de personnes différentes qui travaillaient dessus. Je pense que c'est pour ça qu'il faut plus de diversité dans ce milieu, » a expliqué Luna au site Care2. « On rééquilibrera les inégalités, repas après repas. » En attendant une hypothétique VF qui ne serait pas de trop.