Quelles sont les addictions des Françaises ?

Si les femmes ont tendance à moins consommer de drogues licites et illicites que les hommes, les comportements de consommation des femmes et des hommes tendent à converger, indique le dernier rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), publié ce mardi.

Soucieux d’étudier les spécificités féminines des consommations de drogues, les chercheurs de l’OFDT notent que les femmes sont beaucoup moins concernées que les hommes, sauf pour ce qui est de la consommation de médicaments psychotropes.

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Le rapport commence par noter que les taux de tabagisme chez les hommes et les femmes sont relativement proches (respectivement à hauteur de 31 pour cent et de 25 pour cent). Chez les jeunes, les femmes fument autant que les hommes. Si la proportion de fumeurs a baissé chez les hommes (notamment grâce aux campagnes de sensibilisation), elle est restée stable chez les femmes depuis près de 30 ans. Les chercheurs pointent même une augmentation du tabagisme chez les femmes âgées entre 55 et 75 ans (entre 2010 et 2014). L’âge moyen des fumeuses est actuellement de 41 ans contre 33 ans en 1992 (chez les hommes l’âge moyen est passé de 38 à 40 ans sur la même période).

La consommation d’alcool reste avant tout une pratique masculine, pointe le rapport. Les femmes sont trois fois moins nombreuses que les hommes à déclarer consommer régulièrement de l’alcool. Comme pour le tabac, la consommation régulière d’alcool concerne surtout les femmes plus âgées. Les femmes sont aussi moins nombreuses à rapporter une ivresse (7 pour cent contre 22 pour cent des hommes).

Si fumer du cannabis reste majoritairement une activité masculine, la différence de proportions de consommateurs entre hommes et femmes tend à diminuer. En 2005, il y avait 3,9 plus d’hommes qui fumaient régulièrement du cannabis. En 2014, il y en a seulement 2,6 fois plus. Le rapport note également qu’en 2014, 2,5 pour cent des femmes déclarent fumer du cannabis régulièrement contre 7 pour cent d’hommes. Des écarts du même ordre peuvent être observés pour les autres drogues illicites, mais ils ont tendance à se réduire drastiquement chez les jeunes de 17 ans.

Convergence des addictions chez les jeunes

Les jeunes filles de 17 ans consomment autant de cocaïne et d’héroïne que les jeunes hommes du même âge, alors qu’on observe des niveaux quasiment similaires pour la consommation de MDMA/ecstasy. Le rapport permet aussi de montrer que les alcoolisations ponctuelles importantes (API) étaient principalement l’apanage des garçons en 2005. Mais en 2014, l’écart en matière de « binge drinking » s’est réduit avec les filles. En 2005, il y avait 5,1 plus de garçons que de jeunes filles adeptes des API ; en 2014 ce rapport est passé à 3,7.

« Reflet des rôles sociaux autrefois beaucoup plus marqués, les différences de consommation entre hommes et femmes n’ont pas disparu mais évoluent, » décrypte François Beck, le directeur de l’OFDT. Le rapport note aussi que « l’influence des différences entre les sexes s’estomperait dès lors que les fonctions sociales attribuées aux hommes et aux femmes seraient moins spécifiques. »

Concernant les risques, le rapport pointe trois tendances inquiétantes pour les femmes.

S’il existe une prédominance masculine pour les cancers liés au tabagisme, le taux de mortalité des femmes atteintes d’un cancer des poumons a doublé en 20 ans (alors qu’il a chuté chez les hommes depuis une dizaine d’années).

On observe aussi une surmortalité des femmes qui consomment des stupéfiants. Elles affichent un risque de décès 18,5 fois plus élevé que les autres femmes de la population française du même âge. Les hommes ont un taux de décès 5,6 plus élevé que le reste de la population du même âge.

Enfin, les femmes sont plus susceptibles d’être stigmatisées que les hommes, en raison de leurs addictions. Si cela permet parfois de fournir un « effet de protection » aux femmes pour qu’elles consomment moins, certaines masquent leurs pratiques — ce qui « se traduit souvent par une absence de recours ou rend leur prise en charge par les divers services médico-sociaux plus complexes », indique le rapport.

Le rapport de l’OFDT pointe aussi dans un encart la forte proportion de femmes françaises enceintes qui continuent de fumer. 24 pour cent des femmes enceintes déclarent fumer quotidiennement pendant leur grossesse (dont 20 pour cent au-delà du premier trimestre). Cette proportion place la France loin devant tous les autres pays de l’Union européenne, où seulement 10 à 15 pour cent des femmes enceintes déclarent fumer. Les femmes françaises sont aussi nombreuses (un tiers d’entre elles) à déclarer avoir bu de l’alcool au moins une fois pendant leur grossesse.


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