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Aggressions du Nouvel an à Cologne : la majorité des suspects ne sont pas des réfugiés

Dans une interview accordée la semaine dernière au journal allemand Die Welt, le procureur de Cologne, Ulrich Bremer, a fait le point sur les avancées de l’enquête.
Image via Wikimedia Commons

Alors que le CDU, le parti de la chancelière allemande Angela Merkel, examine ce lundi de nouvelles mesures concernant les modalités d'accueil et d'expulsion des demandeurs d'asile, de récents chiffres apportent davantage de clarté sur le déroulé des agressions sexuelles survenues en masse la nuit du Nouvel An à Cologne, des incidents graves qui ont crispé le discours autour de la question des migrants dans le pays et dans le reste de l'Europe. Les réfugiés ont très vite été montrés du doigt.

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Dans une interview accordée la semaine dernière au journal allemand Die Welt, le procureur de Cologne, Ulrich Bremer, a fait le point mardi dernier sur les avancées de l'enquête concernant cette affaire qui avait choqué une partie de l'opinion allemande. Contrairement à ce qui avait été présumé par de nombreux observateurs au lendemain de ces évènements, les suspects identifiés sont en majorité des immigrés originaires d'Afrique du Nord, et non des réfugiés récemment accueillis par l'Allemagne.

1 054 plaintes déposées, dont 454 pour agression sexuelle : ce bilan chargé révélé la semaine dernière par le procureur de Cologne concerne toutes les plaintes reçues par la police de la ville entre les 1er et 27 janvier derniers. Ulrich Bremer a également précisé que les faits concernés allaient des insultes au viol, en passant par les vols à la tire (majoritaires), les blessures et les menaces.

Parmi les 59 suspects identifiés par la police, 49 personnes sont originaires du Maghreb (25 Algériens, 21 Marocains, 3 Tunisiens), alors que trois Allemands, un Irakien, un Iranien, un Libyen, un Monténégrin et deux Syriens viennent compléter cette liste provisoire.

Plusieurs mineurs figureraient dans cette liste. Leur nombre n'a pas été précisé par Ulrich Bremer. Certains accusés étaient déjà connus des services de police.

La grande majorité de ces agressions sexuelles avaient eu lieu entre 23h00 et 1h00 du matin dans les rues de Cologne, notamment aux abords de la gare centrale de cette ville, le soir du Nouvel an.

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Suite à ces incidents, les autorités allemandes ont plusieurs fois appelé les victimes à signaler les agressions subies lors de ces événements. En tout, le chiffre des blessés et des victimes s'élève pour l'instant à 1 108 personnes, a indiqué le procureur de Cologne, tout en précisant qu'un cas de fausse accusation avait été détecté par les enquêteurs.

Alors que l'Allemagne a accueilli plus d'un million de réfugiés en 2015, cette vague d'agressions a été largement reprise par les groupes opposés à cette politique, comme le groupe islamophobe des Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident (PEGIDA) qui a organisé de nombreuses manifestations à travers l'Europe, de Dresde en Allemagne à Calais dans le nord de la France.

La presse allemande s'était fait l'écho de ces tiraillements, entre les craintes de la population et les actes violents commis à l'encontre des centres d'hébergement de réfugiés à travers l'Allemagne. Le 21 janvier dernier, le quotidien national Der Spiegel se demandait par exemple si l'Allemagne avait « perdu le contrôle », en citant notamment la surreprésentation des immigrés — dont une majorité d'Européens originaires des Balkans — dans les statistiques criminelles.

À peine élue en octobre dernier, la maire de Cologne, Henriette Recker, avait été poignardée au cou et sérieusement blessée. La police avait déclaré que l'attaque pouvait avoir été motivée par le fait que Reker soutenait la cause des réfugiés. Suite aux agressions du Nouvel An, elle avait qualifié ces événements « d'impensables et d'intolérables » tout en appelant à ne pas accuser les réfugiés sans raison.

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Alors que plus de 91 000 nouveaux demandeurs d'asile auraient rejoint l'Allemagne le mois dernier, la question migratoire continue de diviser les pays européens, qui peinent à s'accorder sur les modalités de répartition des migrants et de financement des politiques de contrôle aux frontières.

Ce jeudi, une nouvelle session du Conseil Européen réunira à Bruxelles pendant deux jours les chefs de gouvernements des 28 pays de l'Union Européenne. La gestion des frontières au sud de l'Europe, la coopération avec la Turquie et les modalités des différentes aides humanitaires figurent notamment au programme des négociations.


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Gare Centrale de Cologne en 2012 . Image via Wikimedia Commons