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FRANCE

Quand les lycéens qui manifestent pour Théo s’invitent à une manifestation syndicale

Des lycéens parisiens ont profité de la manifestation intersyndicale contre la loi Santé pour s'inviter dans le cortège et exprimer notamment leur ras-le-bol des violences policières.
Manif
Les lycéens qui manifestaient contre les violences policières ont pris la tête du cortège d'une manifestation syndicale à Paris, le 7 mars 2017. (Photo de Bartolomé Simon/VICE News)

Ils étaient finalement une grosse cinquantaine de lycéens à avoir répondu à l'appel de plusieurs groupes pour manifester contre les « violences policières et patronales » ce mardi après-mid. De Denfert-Rochereau à Invalides, les lycéens ont profité de la manifestation intersyndicale contre la loi Santé pour s'inviter dans le cortège et exprimer notamment leur ras-le-bol des violences policières.

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Romane* a tout juste 15 ans. Cette année, elle était de toutes les manifestations « pour Théo ». Mais aujourd'hui, note-t-elle, il y a « beaucoup moins de monde ». « C'est à cause de la dernière fois à Nation », poursuit Romane. « Il y a eu trop de débordements, les gens qui n'étaient pas habitués aux manifs se sont barrés de tous les côtés. Depuis, ils ne reviennent plus ».

Avec son bonnet bleu et sa sacoche d'étudiant, un jeune fait figure de meneur. « Va lui parler, il saura te répondre », nous conseille-t-on. Son prénom et son âge ? « Théo, 23 ans », improvise-t-il en référence au jeune Théo, symbole des victimes de violences policières ces dernières semaines.

Au milieu du brouhaha des manifestants syndiqués, son discours est étudié, ses mots choisis. « Je manifeste contre les violences d'État, car la violence n'est pas seulement physique, elle s'exerce de différentes manières », pose « Théo ». Selon lui, la répression policière a refroidi les manifestants. « Certes, le mouvement s'essouffle, mais les lycéens ont beaucoup donné. Les flics interpellent n'importe qui sans raison pour mettre un coup de pression. Et ça marche », regrette-t-il.

La convergence des luttes mise à mal

Dans la foule, lycéens et syndicalistes forment un drôle de mélange, qui peut paraître sans rapport. Les deux luttes ne seraient-elles pas en contradiction ? « Pas du tout », répond « Théo ». « Les syndicalistes ont mangé de la violence morale et policière aussi. On est révoltés pour des raisons différentes. Certains appellent ça convergence des luttes, je préfère [le terme de] conflictualité large. »

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Mais la « conflictualité large » a ses limites. Lorsque les lycéens rejoignent le cortège général, ils déconcertent les plus anciens. Pour une militante syndicale, les jeunes sont tout simplement « venus pour casser ». Sur le boulevard qui mène aux Invalides, le service d'ordre de Force Ouvrière bloque les lycéens. Ceux-ci répliquent par des sifflets. « On est pas reliés avec eux. C'est pas en marchant qu'on va changer les choses », critique Romane, entre deux jets de pétards.

Des « Flics, violeurs, assassins » succèdent au plus classique « Tout le monde déteste la police » sous le nez des CRS. Au détour d'un boulevard, les lycéens croisent Olivier Besancenot, puis Philippe Poutou, en pleine interview télévisée. Ils l'interrompent et le célèbrent à cris de : « Philippe, le casseur ! Philippe, le casseur ! ».

Plus loin, les manifestants scandent : « Zyed, Bouna, Théo et Adama ! On n'oublie pas, on pardonne pas ! » « Note bien chaque nom ! », indique Julie*, qui s'époumone à chaque slogan. Avec son manteau en fourrure vert, l'étudiante de Paris XIII égaye le cortège et danse au rythme des cris de ralliement.

« Ils sont racistes ! Ils sont sexistes ! À bas les fachos de la police ! », entonnent les lycéens. « Je crois que « À bas », c'est un peu mieux que « A mort », glisse une manifestante. Sur l'esplanade des Invalides, tous se dispersent calmement. Presque trop calmement pour Julie, qui ose un dernier « Il est où le mec avec le tam-tam ? Il faut s'ambiancer là ! ».


*Le prénom a été changé.

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