Sexe

Réjouissez-vous, les fétichistes de l’éternuement : vous n’êtes pas seuls

Éternuer est sans aucun doute la réaction physiologique la plus similaire à l’orgasme. À la démangeaison initiale répond la contraction graduelle de l’organisme, puis vient le temps de l’explosion, de la libération jubilatoire. L’éternuement est une satisfaction.

Chez certaines personnes, cette jouissance est engendrée par la simple vue d’une personne en train d’éternuer – sentiment intimement lié au sexe. C’est en parcourant Internet que l’on se rend compte que ces fétichistes ne sont pas si isolés qu’on pourrait le croire. L’existence d’une communauté des adorateurs de l’éternuement, des toux grasses et des fétichistes de la grippe est une réalité.

Videos by VICE

« Je suis attirée par les gens qui éternuent, mais pas seulement. La toux, la fièvre : tout ce qui engendre l’inconfort me plaît », me précise Emma, âgée de 29 ans, très active sur les forums des passionnés de l’éternuement.

Encore enfant, elle se souvient s’être éprise de différents livres et films faisant figurer des gens malades – comme Frosty the Snowman, film d’animation régulièrement diffusé à la télévision américaine pour Noël, dans lequel un personnage « éternue et tremble après s’être retrouvé dans un wagon de marchandises ». Elle poursuit en affirmant avoir lu des dizaines de fois un livre où Riri, Fifi et Loulou tombent malades.

Terry, un type âgé de 21 ans venant du nord-est des États-Unis, reconnaît être attiré par les éternuements depuis sa plus tendre enfance. Mais c’est au cours de sa puberté qu’il a décelé une fascination de nature sexuelle.

C’est en traînant sur Internet que Terry et Emma ont réalisé qu’ils n’étaient pas seuls. Le Sneeze Fetish Forum rassemble près de 3 500 membres. Les échanges et conseils y sont nombreux. Un thread reddit intitulé r/sneezefetish existe, et des sites web très « 1.0 » réunissent les amoureux de l’éternuement.

« Ma première masturbation a eu lieu alors que j’écoutais des éternuements sur un site fétichiste, précise Emma. Internet m’a permis de découvrir que des gens écrivaient sur ce sujet depuis pas mal de temps. »

« Tous les éternuements ne m’excitent pas, ce qui est préférable vu que je bosse dans le secteur médical, me confie Lyna. J’ai une préférence pour les mecs qui jouent aux durs, qui prétendent ne pas être malades, mais qui finissent par éternuer avec fracas quand ils n’en peuvent plus. J’adore la déformation de la voix d’un homme par la maladie – cette façon qu’a le rhume de rendre une voix encore plus grave et profonde. J’adore jouer à l’infirmière dans ces cas-là. »

« Ce qui m’attire, c’est la perte de contrôle, confirme Emma. J’ai tendance à ignorer complètement les éternuements anodins, les toux lambda. Par contre, un mec incapable de se lever à cause de sa maladie me fascine. »

Aux yeux des fétichistes de l’éternuement, le seul lieu dépourvu de jugement moral est Internet. Toutes les personnes interrogées m’ont affirmé l’importance du web – véritable sas de décompression et moyen de libération et d’affirmation personnelle.

Si on les compare aux amoureux des pratiques BDSM, les fétichistes de l’éternuement ont tendance à être bien plus réservés et secrets au sujet de leur vie sexuelle. Ils ne se réunissent pas lors de convention ou de séminaire. Les forums sur Internet leur permettent de rester anonymes tout en conversant librement.

« J’ai été élevé par des parents très pieux, des baptistes du sud des États-Unis, précise Lyna. Les habitants de ma ville natale sont fermés d’esprit. Le seul fétichisme autorisé par là-bas est lié aux camions. »

Selon le docteur Chris Donaghue, sexologue et auteur d’un livre au sujet des fétichismes considérés comme « étranges », il est essentiel d’éviter de stigmatiser les gens éprouvant des désirs hors du commun. « Le problème est le suivant : ces gens ont honte de ce qu’ils ressentent, pas de l’acte en lui-même. »

Aux yeux des fétichistes de l’éternuement, le seul lieu dépourvu de jugement moral est Internet. Toutes les personnes interrogées m’ont affirmé l’importance du web – véritable sas de décompression et moyen de libération et d’affirmation personnelle.

« Si Internet n’existait pas, je n’aurais jamais pu identifier mes désirs en tant que fétichisme – et je n’aurais jamais réalisé la dimension sexuelle de tout ça », conclue Emma.

Suivez H. Alan Scott sur Twitter .