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Roopkund, le mystérieux lac aux squelettes

lago Roopkund e le ossa

Un petit lac glaciaire niché dans la plus haute chaîne de montagnes du monde est le site de centaines de morts inexpliquées en plus de mille ans, rapporte une nouvelle étude.

Le Roopkund, aussi connu sous le nom de « lac des squelettes » en raison des centaines d’ossements humains visibles depuis les berges, laisse ses visiteurs perplexes depuis des décennies. Situé à plus de 4 998 mètres d’altitude dans l’Himalaya indien, le lac peu profond a été découvert en 1942 par un gardien du parc national de Nanda Devi. Mais nul doute qu’il était déjà connu des voyageurs des anciens temps, dont la plupart n’en sont jamais sortis vivants.

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Personne ne sait ce qui a pu coûter la vie à autant de personnes dans un endroit aussi éloigné. Jusqu’à présent, la principale théorie penchait en faveur d’une violente tempête de grêle ayant frappé tous les visiteurs d’un coup aux alentours de l’an 800 de notre ère, ce qui pourrait expliquer les fractures par compressions non cicatrisées découvertes sur certains ossements. Mais tandis que des grêlons meurtriers pourraient expliquer une partie des décès, de nouvelles preuves suggèrent fortement qu’ils sont survenus lors de différents événements à travers les siècles.

Dans une étude parue jeudi 15 août dans la revue Nature Communications, une équipe dirigée par Éadaoin Harney, doctorant en biologie évolutionniste à l’université de Harvard, a analysé l’ADN prélevé sur 38 squelettes. Les résultats ont révélé que beaucoup de populations différentes avaient vécu des incidents mortels près du lac, dont un survenu pas plus tard qu’au XIXe siècle.

« La question reste de savoir comment ces groupes se sont retrouvés dans un endroit aussi inaccessible au départ »

« Nous constatons que les squelettes du Roopkund appartiennent à trois groupes génétiquement distincts qui ont été déposés au cours d’événements multiples, séparés dans le temps par environ 1 000 ans, écrit l’équipe de Harney. Ces résultats réfutent l’idée selon laquelle les squelettes du lac y ont été déposés en une seule catastrophe. »

Le premier groupe de voyageurs décédés identifié par les chercheurs, appelé Roopkund_A, comprend 23 hommes et femmes de diverses origines sud-asiatiques. On savait déjà que cette population avait péri il y a environ 1 200 ans, mais la datation au radiocarbone a montré que leur mort n’avait probablement pas été causée par une seule et même tempête comme proposé précédemment.

Certains des individus de Roopkund_A auraient vécu entre 675 et 769 de notre ère et d’autres entre 894 et 985. L’écart dans le temps suggère « que même ces personnes ne sont peut-être pas mortes en même temps », selon l’équipe.

Ce qui est encore plus étonnant, c’est la découverte d’une deuxième population, appelée Roopkund_B, qui est morte il y a quelques siècles, vers 1800. Ce groupe comprenait 14 hommes et femmes d’ascendance méditerranéenne orientale, qui étaient génétiquement très semblables aux habitants de l’actuelle Crète, la plus grande des îles grecques. La troisième population est composée d’un seul individu, appelé Roopkund_C, un homme d’origine est-asiatique qui est mort en même temps que le groupe Roopkund_B.

« Notre étude approfondit le mystère Roopkund de bien des façons », explique Niraj Rai, coauteur de l’étude et responsable de l’Ancient DNA Lab à l’Institut Birbal Sahni des Paléosciences en Inde. Et de préciser que l’équipe a été en mesure d’écarter des « spéculations communes sur l’ascendance des individus Roopkund ».

Par exemple, depuis les années 1950, une théorie locale voulait que les squelettes aient été laissés par l’armée en fuite du général Zorawar Singh Kahluria, tué dans une tentative d’invasion du Tibet en 1841. Cette explication est remise en question par la nouvelle découverte de plusieurs femmes sur le site, qui n’auraient sans doute pas pris part à une expédition militaire.

La théorie de la tempête de grêle est toujours plausible pour certaines des victimes, et l’équipe prévoit d’examiner les crânes fracturés dans leur prochaine étude, dit Rai.

La question reste de savoir comment ces groupes se sont retrouvés dans un endroit aussi inaccessible au départ. Le lac Roopkund se trouve sur la route de Nanda Devi Raj Jat, un pèlerinage hindou, déjà observé il y a 1 200 ans. Pour l’instant, c’est l’explication la plus plausible de la présence d’au moins certains des individus de Roopkund_A, selon l’équipe.

Les restes des autres populations sont beaucoup plus difficiles à expliquer. L’étude conclut que les individus méditerranéens, qui ne semblaient pas avoir de liens familiaux étroits entre eux, sont probablement nés sous la domination ottomane.

« Comme le suggère leur consommation d’un régime alimentaire essentiellement terrestre plutôt que marin, ils ont pu vivre dans un endroit à l’intérieur des terres, se rendant éventuellement dans l’Himalaya avant d’y mourir, explique l’équipe. Qu’ils aient participé à un pèlerinage ou qu’ils aient été attirés au lac Roopkund pour d’autres raisons, c’est un mystère. »

« Mystère » semble être le mot-clé pour décrire tout ce qui touche au lac Roopkund. Bien que le site soit devenu une destination fréquentée par les chercheurs et les touristes, les secrets de ceux qui ne s’en sont jamais partis restent bel et bien un mystère.

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