Cette année, Ghorban fait sa rentrée en BTS Analyses de biologie médicale. Une date qui marque une nouvelle étape dans la vie ce jeune homme, né il y a 20 ans dans un petit village d’Afghanistan.
Ghorban avait 12 ans lorsque le photographe Olivier Jobard l’a croisé, à Paris, pour la première fois. Comme d’autres mineurs isolés, Ghorban, à peine 12 ans à l’époque, traînait son allure frêle du côté de la gare de l’Est et du canal Saint-Martin. « Il m’a attendri, plus que les autres. J’avais l’impression qu’il avait besoin d’attention », se souvient Olivier Jobard.
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Et puis, malgré sa timidité, Ghorban ne semblait pas apeuré par l’objectif du photographe : « Il est venu vers moi facilement », raconte Jobard. Très vite, des liens se sont noués, malgré une communication laborieuse, barrière de la langue oblige.
Un obstacle franchi une fois Ghorban admis dans un foyer. Avec l’aide de traducteurs, il a enfin pu raconter son histoire à Olivier Jobard : celle d’un gamin qui a vu son père partir en Iran, honteux de souffrir d’hémiplégie et de ne pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Qui a vu sa mère refaire sa vie sans lui. Et qui a été contraint d’aller vivre avec un grand-père qui le battait –lorsqu’il n’était pas aux champs, à surveiller le bétail ou récolter le pavot.
Ghorban a donc choisi de rejoindre son père et son frère en Iran. Il y est resté durant deux ans, travaillant notamment dans une briquerie de Téhéran, avant de rejoindre l’Europe et Paris, après plusieurs escales en Grèce et en Italie.
Olivier Jobard a suivi toutes les étapes de la (re)construction du jeune migrant. L’un d’entre elle l’a mené en Afghanistan, pour renouer avec cette mère qu’il n’évoque jamais, lui qui se dit « orphelin ». Des explications s’imposaient. « Il a fait le travail de recherche de sa mère tout seul. Ça a été un retour cathartique, il a pris une claque, c’était violent », explique Jobard.
Au-delà de sa force visuelle, le travail photographique mené par Olivier Jobard recèle une intense dimension politique : il montre que l’intégration des migrants au sein de la société française est parfaitement possible. Ghorban a aujourd’hui la nationalité française, est titulaire d’un BAC professionnel et s’apprête à débuter des études supérieures – il ne rejoindra pas Calais pour tenter de rallier l’Angleterre. C’est justement cette réussite qui a poussé Olivier Jobard à consacrer une partie de son travail à Ghorban, qu’il expose à Perpignan, dans le cadre de Visa pour l’image, jusqu’au 16 septembre. « J’ai essayé de traiter la question migratoire différemment. En l’incarnant. Justement pour montrer que si les mineurs sont bien pris en charge, leur intégration peut fonctionner ». La preuve en images.
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