L’homme qui entendait le Wi-Fi

Depuis quelques jours, l’écrivain Frank Swain entend les signaux d’internet. Et non, ce n’est pas un super pouvoir contracté en se faisant piquer par un virus sur la toile et encore moins comme il l’explique «la mutation soudaine déclenché par des années de méditation transcendentale. » Non, c’est un peu plus sain que ça pour lui, puisqu’il s’agit en fait d’une prothèse auditive qui traduit les fréquences des ondes électromagnétiques en sons. C’est certes, moins fou, mais probablement pour le mieux.

C’est en partenariat avec le compositeur Daniel Jones que Swain a réalisé Phantom Terrains, une série de ballades qui se transforment en musique au gré des rencontres avec le sacro-saint Wi-Fi. Cette vérification audible de datas invisibles donne en effet des airs de fantômes à cet internet que l’on pense familier. 

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Dans son article pour New Scientist, Swain explique qu’il a perdu en grande partie son ouïe à l’âge de vingt ans. Phantom Terrain ne lui donne ainsi pas seulement une interprétation du de l’existant mais lui permet d’imaginer le futur des prothèses auditives. Une sorte de super-ouïe comme une vengeance de sourd.

La carte ci-dessus est la première étude de Swain et Jones. On y trouve tout d’abord une sorte de serpent qui représente le paysage wifi de la maison de diffusion de la BBC. Ensuite on peut s’intéresser aux piques et aux vallées qui sont quant à eux les témoins de l’intensité des sons. À 2:04 minutes, on distingue la retranscription de ce qui sont en fait les pas effectués pour faire le tour du bâtiment. Ce bruit vient se mélanger à de nombreux clics, routeurs, chaines, réseaux sécurisés qui tous ont un rythme particulier qui créé, au final, la mélodie que l’on peu entendre.

« Notre plus gros challenge est humain » explique Jones à Swain « Comment pouvons-nous créer une représentation auditive qui soit suffisamment sophistiquée pour exprimer la richesse et la complexité d’une structure en perpétuelle mutation et, en même temps, assez simple pour ne pas empêcher nos sens de fonctionner dans cette expérience, de limiter les distractions ? »Une question que de nombreux chercheurs et artistes se posent aujourd’hui. Pour Nickolay Lamm, qui a longtemps travailler sur la visualisation du Wi-Fi, le signal ressemble à une sorte de layer cake alors que Peter Jellitsch — qui s’est quant à lui occupé à sculpter la Wi-Fi — c’est plutôt une sorte de montagne polygonale. 

Reste que, au train où vont les choses, les Phantom Terrain risquent de vite devenir inaudible. Dommage.