C’est rare qu’un groupe formé au secondaire survive à la fin des études. Le fait qu’Erik et Stephen Paulson, qui forment Remo Drive, soient frères a certainement aidé. Depuis 2014, le groupe se fait connaître grâce à son style d’emo intelligent, aux paroles qui sortent des thèmes habituels comme les peines d’amour ou l’existence invivable.
En 2017, Remo Drive fait paraître Greatest Hits, un premier album studio qui a été couvert d’éloges, mais qui a été un peu trop contraignant pour le groupe, qui craignait de se faire étiqueter. Après mûre réflexion, le groupe a décidé de prendre une direction musicale différente et a sorti vendredi dernier Natural, Everyday Degradation, un album plus mature, moins brut et avec un grand potentiel de succès dans la scène plus indie-rock.
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Alors que le groupe effectue en ce moment une tournée nord-américaine pour promouvoir ce nouvel album, nous avons pris le temps de parler à Erik de ce changement de cap musical et de l’importance de la liberté créative.
VICE : Salut Erik! Vous avez signé chez Epitaph. Quel effet ça t’a fait de recevoir cet appel?
Erik : C’était excitant. Quand c’est arrivé, on se faisait approcher par pas mal de labels, mais c’est vite devenu évident qu’Epitaph était le meilleur choix pour nous, justement parce qu’ils ont travaillé avec tellement de groupes qu’on admire et en lesquels on a confiance, comme Joyce Manor ou Desaparecidos. C’était cool de recevoir cette affirmation positive de la part des gens qui ont aidé à former nos inspirations musicales.
Vous aviez aussi plus de temps et un plus gros budget pour réaliser cet album, qu’est-ce que ça a changé dans votre processus créatif?
Je crois qu’au-delà du temps et du budget, mon frère et moi avions un désir de sortir un peu de la boîte dans laquelle on nous avait mis après la sortie de notre premier album. Je pense que c’était vraiment ce qui nous a poussés à faire quelque chose de différent, qu’on ait été signés ou pas. Peu importe ce que les gens ont décidé qu’on était, on voulait leur prouver qu’on n’était pas ça. Je crois que je suis intrinsèquement contrarien, donc c’était vraiment ça, le feu dans nos estomacs qui nous a poussés à faire l’album qu’on a créé.
Est-ce que c’est une approche que vous voudriez prendre avec chaque nouvel album, ou estimes-tu que vous avez trouvé votre voie?
On a déjà commencé à travailler sur du nouveau matériel, et je crois que c’est ce qu’on fera à chaque album. Dans notre catalogue avant, on trouvait que ça changeait constamment, même depuis nos tout débuts. Je crois que ça a à voir avec notre état mental, mais aussi avec un besoin de changement. Je ne sais pas d’où ça vient ou pourquoi, mais on veut toujours garder ça fresh, simplement pour notre bonheur.
Vous êtes constamment en tournée, depuis les deux dernières années. Comment est-ce que ça a changé votre manière de composer et d’écrire?
Le plus gros truc est que je passe plus de temps à écouter des trucs différents quand on est sur la route. D’avoir cet environnement propice pour simplement écouter, sans trop penser à quoi que ce soit, aide beaucoup.
Même avant, quand j’étais à l’université, si je devais me rendre en classe ou aller chez un ami, et que le trajet prenait 30 minutes, je me trouvais un album court et rapide à écouter sur le chemin, car c’était tout le temps que j’avais à y dédier. Mais je me rends maintenant compte que peut-être qu’un court album n’est pas la chose la plus désirable. Donc d’avoir le temps de donner une vraie chance à des albums a changé beaucoup de choses pour moi.
Je sais que tu as écouté de vieux albums en écrivant Natural, Everyday Degradation . As-tu eu peur à un moment ou un autre que ça t’empêche de faire la musique plus moderne?
Ça m’a traversé l’esprit quelques fois, mais je crois fermement qu’il y a encore beaucoup de jus dans ces albums qui n’a pas encore été pressé. Des trucs que les gens à l’époque n’avaient pas remarqués, qui ont été oubliés avec le temps et qui sont maintenant recontextualisés par le monde d’aujourd’hui. Un peu comme les artistes des années 80 sont retournés visiter des albums des années 60 pour créer quelque chose de nouveau.
Quel est l’environnement parfait pour écouter votre nouvel album, d’après toi?
Ça dépend de comment chaque personne préfère consommer de la musique. Mais je crois que sur la route, ça serait idéal, et peut-être même de le laisser jouer quelques fois. C’est ce que je ferais si je l’écoutais pour la première fois. En fait, c’est mon approche à la plupart de la musique que j’écoute : je la mets en boucle quatre ou cinq fois. Des fois, ça me prend du temps avant d’embarquer, et des fois, c’est instantané.
Parle-moi du titre de l’album, Natural, Everyday Degradation .
L’idée était qu’il y ait quelques angles. Si on n’y pense pas trop la première fois, c’est un peu un commentaire sur différents moments de la vie qui sont très banals et normaux, mais qui se pervertissent avec le temps. Je voulais explorer ce côté des choses quotidiennes, qui prennent un sens plus profond quand on s’assoit pour y penser.
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Par exemple, sur une des chansons de l’album, je parle d’entendre des gens dans une autre pièce en train de faire l’amour très bruyamment, ce qui peut être très normal pour qui que ce soit qui doit partager un espace de vie avec quelqu’un d’autre, mais je me voyais plutôt comme un protagoniste de film, qui vit ce moment étrange.
Dans un autre, je parle d’une situation juste avant d’avoir une relation sexuelle pour la première fois, et que je sentais que Dieu m’épiait alors que j’achetais les condoms, et je me sentais honteux.
Ce sont des situations courantes de la vie dans lesquelles je retrouve des aspects plus philosophiques. Donc d’avoir deux mots banals suivit de « dégradation », qui est un mot assez intense, ça me plaisait.
Billy Eff est sur internet ici et là.
Remo Drive sera en concert ce soir, le 5 juin, au Ministère.