Environnement

Un nouveau dino découvert dans les Bouches-du-Rhône

Titan des garrigues

Il n’était peut-être pas le plus grand, ni le plus intelligent mais il avait choisi un environnement idyllique pour profiter pépère de sa petite vie de dinosaure herbivore à quelques kilomètres d’Aix-en-Provence et à l’abri des prédateurs. Lui, c’est le Garrigatitan meridionalis, un nouveau dinosaure exhumé par une équipe de paléontologues internationale sur le site de la Bastide Neuve, près de la ville de Velaux dans les Bouches-du-Rhône.

En janvier dernier, le Titan des garrigues a même eu droit à son petit ¼ d’heure de gloire ; un article dans la revue Historical biology relayé par le site Science et Avenirs. On y apprenait son appartenance à la famille des titanosaures – dont certains spécimens découverts en Patagonie font passer le Diplodocus pour un modèle réduit.

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Le Garrigatitan est le 3e membre de la famille des titanosaures découvert en France après l’Ampelosaurus et l’Atsinganosaurus, lui aussi sorti de la terre argileuse de la Bastide Neuve. « J’ai découvert le site en 1992, raconte Xavier Valentin, co-auteur de l’article, membre du laboratoire Paléontologie Evolution Paléoécosystèmes Paléoprimatologie (PALEVOPRIM) de l’Université de Poitiers et directeur de l’association PALAIOS. Il a fallu attendre une dizaine d’années pour convaincre les élus des Bouches-du-Rhône de faire un diagnostic, effectué en 2002, qui a montré la richesse du site et une grosse concentration de fossiles.  »

Plusieurs opérations sont menées en 2009 et 2012 pour dégager des prélèvements qui sont ensuite traités, étudiés et comparés. Un bassin intact permet notamment de distinguer le Garrigatitan de son prédécesseur, l’Atsinganosaurus. « En 2018, on a lancé une grande révision et on s’est aperçu, en utilisant différentes techniques, qu’on avait deux genres différents ». Les caractéristiques originales du Garrigatitan ? « Un humérus en forme de sablier, un ilium avec une large cavité arrondie au niveau du pédoncule pubien et un fémur dont le bord proximo-latéral est écarté ». 

Au-delà de leurs différences morphologiques, le Titan des garrigues et l’Atsinganosaurus ont un point commun : ce sont deux sauropodes relativement petit pour leur famille d’origine. « Par rapport aux titanosaures qui ont été trouvés aux États-Unis et en Argentine, on pourrait même utiliser le terme de nanisme », précise Xavier Valentin. « C’est d’ailleurs ce qui fait son originalité ». Un déficit de croissance qui s’explique surtout par la flore du sud de l’Europe à l’époque. 

Au Crétacé supérieur, les garrigues font partie de l’île Ibéro-Armoricaine où l’on trouve notamment des zones d’eau douce, un climat subtropical et une végétation luxuriante (conifères et palmiers). « En milieu insulaire, le sauropode n’a pas besoin d’une stature imposante pour se protéger, développe Xavier Valentin. Le contexte de prédation n’est pas aussi hostile que pour les titanosaures américains. Ici, il a arrêté de grandir. Pas de carnivores pour le menacer, pas de gigantisme ». 

Pour le paléontologue, l’existence de deux classes de tailles de sauropodes apporte son lot d’interrogations. Si l’Atsinganosaurus (catégorie moyenne) et le Garrigatitan (catégorie grande) se sont partagés les mêmes écosystèmes, cela implique forcément « une structuration des populations et des relations comportementales plus complexes que ceux établis jusqu’à présent ».

L’identification d’un nouveau genre permet aussi « de mieux connaître la diversité reptilienne et dinosaurienne de cette période ». Alors que l’extinction Crétacé-Paléogène se rapproche, le Titan des garrigues est un témoignage rare de cette dernière génération de dinosaure. « Il commence à y avoir un gradualisme qui tend vers une désertification des espèces », complète Xavier Valentin. 

À la Bastide Neuve, seulement 10 % de la surface fossilifère a été explorée rappelle Xavier Valentin. Ce qui laisse augurer de nouvelles découvertes dans les années à venir – même si elles n’auront probablement pas la taille d’un titanosaure adulte. « Trouver deux sauropodes sur le même lieu, c’est déjà inattendu, sourit le paléontologue. Mais le site regorge encore d’informations, de restes de petits mammifères et d’autres traces de vie ».

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