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10 questions que vous avez toujours voulu poser à un exorciste

The exorcist Beat Schulthess standing in front of a wooden cross

Les choses ont bien changé depuis le Moyen Âge. Par exemple, on ne pratique plus la joute équestre (ou presque) et on ne brûle plus les sorcières sur le bûcher. Mais une tradition a survécu aux siècles, c’est l’exorcisme.

Andrew Chesnut, professeur d’études religieuses à l’université du Commonwealth de Virginie, explique que la demande d’exorcisme a connu un boom mondial au cours des dernières décennies. Bien que cette pratique douteuse soit généralement associée à l’Église catholique, la plupart des rituels de chasse au démon sont aujourd’hui pratiqués par des prêtres pentecôtistes et évangéliques relativement inexpérimentés dans les pays d’Amérique latine et d’Afrique.

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En Europe, ce service est assuré à titre gratuit par des prêtres catholiques et protestants. Parmi eux se trouve Beat Schulthess, pasteur de l’Armée du Salut dans la petite ville d’Uster, près de Zurich en Suisse. Il conjure le mauvais sort depuis trente ans et a fondé une école d’exorcisme où il a formé 180 étudiants en 2020. Nous l’avons rencontré pour en savoir un peu plus.

VICE : Comment pouvez-vous savoir si une personne est possédée par un démon ? Beat Schulthess : Les personnes qui ont été en contact avec des forces sataniques ont généralement un comportement très anormal. Je demande d’abord à la personne comment elle se sent face à la colère, à la peur et à l’avarice, puis face à la dépendance. Si elle est chrétienne, je l’interroge sur la certitude du salut et sur ses désirs sexuels. La plupart des gens qui me demandent de l’aide pratiquent la sodomie ou la bestialité, par exemple. Ensuite, j’examine son arbre généalogique pour déterminer si un sort ou une malédiction repose sur sa famille. Si ce n’est pas le cas, je lui demande si sa maison est hantée. Par exemple, si ses crises ont lieu la nuit, ou si elle entend des bruits de coups, des portes qui s’ouvrent et se ferment.

**Les gens qui font appel à vous ne souffrent-ils pas plutôt de maladies mentales ?
**Bien sûr, la colère et la dépression ne sont pas toujours causées par des démons. Mais certaines personnes ont déjà reçu une aide médicale ou psychologique et leur situation ne s’est pas arrangée.

Beat Schulthess
Beat Schulthess

**Pourquoi croyez-vous aux esprits ?
**Il y a vingt-huit ans, j’ai été appelé à exorciser une femme qui ne pouvait pas dire le nom de Jésus à haute voix. Un jour, elle a dit qu’elle avait été envoyée par un groupe occulte pour donner la leucémie à mon fils. Puis, elle a disparu et mon deuxième fils est tombé gravement malade. J’ai appelé un pasteur qui a pratiqué un exorcisme selon Matthieu, 18:18. En une semaine, mon fils a été guéri. Les médecins n’ont pas pu l’expliquer. Après cette expérience, ma femme et moi avons dû accepter l’idée que des forces surnaturelles puissent affecter la vie et la mort.

**Comment chassez-vous le diable ?
**Je commence généralement par dire une prière : « Au nom de Jésus-Christ de Nazareth, je renonce à tous ces fardeaux occultes. » Je dis « Nazareth » parce qu’il y a des démons qui se font appeler Jésus, alors que Nazareth est un terme protégé, même dans le monde invisible. Parfois, le démon se manifeste à travers la personne. Il est important que personne n’y soit exposé, surtout lorsqu’il y a des manifestations physiques. Il arrive que les gens crient, se tortillent, piétinent, vomissent ou tombent. C’est pourquoi tout se déroule dans un petit espace clos. Deux semaines plus tard, je vérifie si la personne se sent mieux. Selon son état, je décide si elle a besoin d’une aide pastorale supplémentaire ou d’une thérapie centrée sur le traumatisme.

**On entend souvent des témoignages de personnes agressées sexuellement lors d’un exorcisme. Qu’en pensez-vous ?
**Cela me répugne. Les participants doivent signer un formulaire dans lequel ils acceptent de recevoir nos soins pastoraux. Les pasteurs signent également un code de 27 points et une clause de confidentialité. Je ne touche que la tête ou les aisselles de la personne. Et je demande toujours la permission avant.

**Avez-vous déjà fait une erreur ?
**Lorsque vous faites un exorcisme, quelque chose doit changer. Par exemple, si une personne présente des symptômes physiques, comme une douleur aux reins que les médecins n’ont pas réussi à traiter, mais que cette douleur ne disparaît pas après l’exorcisme, alors vous avez probablement fait un mauvais diagnostic et vous devez présenter vos excuses.

**Quel a été votre cas le plus difficile ?
**Rahel Mauer. Il y a eu un long reportage sur elle dans un magazine suisse. Je l’ai suivie pendant neuf ans. Elle avait subi un viol dans son enfance et avait de nombreux démons. À 19 ans, elle s’est tournée vers la drogue et l’automutilation. Elle est venue me demander de l’aide. Les sessions étaient très longues, de six ou huit heures, plusieurs fois par semaine. Aujourd’hui, elle est guérie et a cinq enfants.

**À quoi ressemble un démon ?
**Les démons prennent différentes formes. Dans la Bible, ils sont souvent représentés sous forme d’animaux, et il est vrai qu’on les rencontre parfois sous cette forme. Moi aussi, j’ai été attaqué par des forces obscures. C’est difficile à décrire.

**Effectuez-vous des exorcismes sur des enfants ?
**On me demande de le faire de temps en temps, mais je suis très, très, très prudent. Je dois m’assurer que l’enfant n’en souffrira pas mentalement.

**Combien coûte un exorcisme ?
**C’est gratuit. Mais les dons sont bienvenus.

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