Mike Shabb sait sans le moindre doute qui il est vraiment

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En juillet 2017, on vous annonçait que le rappeur montréalais Mike Shabb était « l’avenir du rap québécois ». Quelques semaines plus tard, on vous le présentait, dans une entrevue vidéo, où le grand public québécois a appris à mieux le connaître. À l’époque, Mike était un kid qui venait d’avoir 19 ans. Il n’avait pas la langue dans sa poche, il a fait beaucoup de déclarations qui paraissaient arrogantes, et ça aurait pu lui nuire. Mais, heureusement, Shabbo a été à la hauteur et est arrivé à ses fins. Il est maintenant l’une des stars les plus en vue du rap local.

Les choses changent vite, en deux ans. Mike vient de monter sur scène au festival Metro Metro, le week-end dernier, et sort aujourd’hui son troisième projet studio, GLOOM, enregistré et écrit en partie à Los Angeles il y a quelques mois. Bien entendu, il fallait qu’on appelle Mike pour parler du projet et des leçons que son succès des dernières années lui a enseignées.

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VICE : Salut Mike! Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu droit à de la nouvelle musique de ta part. Tu te sens comment avant la sortie de ton EP demain?
Mike Shabb : Vraiment bien, ça faisait longtemps que je voulais sortir des nouveaux trucs. Ça va remettre de la fraîcheur dans mon catalogue. Aussi, toutes les chansons qui sont dessus datent des derniers mois. Ç’a toujours été ça mon problème avec mes sorties précédentes : je dropais des tracks que j’avais enregistrées six mois ou même un an auparavant. Par le moment que ça sortait, j’étais déjà rendu ailleurs, musicalement. Donc GLOOM, c’est vraiment la musique que je fais en ce moment.

T’es parti enregistrer une partie du projet à Los Angeles. Ton expérience s’est bien déroulée?
C’était fire, man! Je pense que c’est vraiment la place pour moi, en termes de musique. Le vibe est excellent, je me sentais trop bien. Je faisais des beats et ça flowait naturellement. J’étais tout excité d’être là-bas, donc j’ai probablement fait les meilleures chansons de ma vie.

Sinon, on a aussi tourné plein de clips, on a rejoint Nate Husser, on a rencontré plein de gens. Je crois qu’on va y retourner à la fin de l’été.

Qu’est-ce qui t’a frappé le plus, pendant ton séjour là-bas ?
Déjà, c’est de là que vient le nom de mon EP, GLOOM, qui est un peu un état dépressif même lorsqu’il fait beau. Et c’est un truc que j’ai remarqué à Los Angeles : bro, la lune est toujours visible, jour et nuit! Y a le soleil à droite et la lune à gauche! J’ai trouvé ça vraiment spécial, et j’en parlais avec des angelenos,

et ils me disaient que je devrais en parler dans mes chansons, parce que personne n’en parle, mais c’est un phénomène très spécifique à cette ville. Je trouve que ça représente bien ma musique, vu que tout va bien dans ma carrière musicale, mais j’ai encore des petits trucs à régler dans ma vie personnelle, et j’ai toujours des soucis quotidiens avec lesquels composer.

Quelle est la plus grande différence entre ta musique de maintenant et celle de ton premier projet?
Tout, vraiment. J’essaie d’approcher les choses différemment. D’être moins agressif et de vouloir prendre toute la place. J’essaie de capter des vibes et des émotions auxquelles les gens peuvent s’associer, et pas seulement : « Count it up, count it up! Racks, racks, racks! » Tout ça, c’est cool, mais je veux faire des trucs plus personnels. J’étais aussi plus vague avec ma musique avant. Je faisais de la musique juste pour rapper et être lit, mais là, je veux vraiment avoir un message.

Si tu pouvais aujourd’hui donner un conseil à la version de toi qu’on a vue dans ta première entrevue vidéo avec nous, il y a deux ans, ça serait quoi?
Ma première entrevue avec VICE, c’était moi avec mes Backwoods et tout. Je la regardais aujourd’hui, et je me suis rendu compte que j’étais quand même arrogant. J’étais très sûr de moi, et c’est bizarre à dire, mais je crois que sans ça, mon entrevue aurait pas popper autant. Donc j’ai pas de regrets par rapport à ça, mais il y a une façon de dire les choses. J’étais un ti-cul de 18, 19 ans. Je lui dirais : « Sois vigilant avec ce que tu dis, et la manière dont tu l’approches. » Ça, je crois que c’est très important.

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As-tu eu peur que cette entrevue, ou l’attitude que t’avais, te collent à la peau pour le restant de ta carrière?
Pas vraiment, vu que je sais qui je suis vraiment, et mes amis et ma famille aussi le savent. Je suis vraiment pas un gars arrogant. Je suis quelqu’un de très humble et je put on tout le monde à l’entour de moi. Les gens pensent que je suis juste le gars qui dit : « Fuck le rap québ, je fume des Backwoods , et bla bla bla. »

Et je l’ai encore refait récemment, dans la vidéo où je montre comment rouler un joint. J’ai fait des petites blagues un peu arrogantes et ça a hyper bien fonctionné. VICE France l’a partagé et j’ai eu 500 000 views en une journée! Je me dis que les gens vont se faire une idée de toi avec ce qu’ils voient sur internet, mais je crois pas vraiment que ma personnalité internet me représente bien.

Billy Eff est sur internet ici et .