Le Vénézuela est en crise, et un trio d’artistes militants veut que le tout le monde le sache. Helena Acosta, Violette Bule et Gina Monc ont monté, à la galerie berlinoise Lite-Haus une exposition qui met en lumière, par le prisme du photojournalisme, le désastre socio-économique auquel le pays d’Amérique du sud est confronté.
Sous le titre évocateur « Republica Colapsada », l’exposition se divise en trois parties : la première, « The Venezuelan Breakdown », comprend les tirages de 15 photographes qui ont courageusement capturé la tension et la violence des manifestations qui ponctuent la vie du pays depuis 2014. La deuxième, « Dismantling the Simulation », tire son nom d’un groupe de militants et d’une galerie en ligne homonyme, fondée par Acosta, Bule, Monc et l’artiste Miyö Van Stenis. Le parcours se clôt sur « From the lleca to the Cohue », une troisième partie qu’on pourrait traduire par « de la rue à la cohue ». On y voit le travail des deux dernières années de Bule , un programme d’éducation photographique qu’elle a mis en place dans les prisons vénézuéliennes.
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Si la qualité des œuvres présentées est indéniable, ce sont pourtant les photos qui retiennent l’attention. Dans son communiqué de presse, Lite-Haus explique vouloir « tenter d’attirer l’attention sur des problématiques provocatrices, avec l’art et la culture comme outil pour jeter des ponts. À travers des collaborations éclectiques et en repoussant les frontières de la définition de l’art, nous espérons réunir les gens et lancer le débat. »
Faire prendre conscience de la situation au Vénézuela outre-Atlantique est important. Le pays souffre d’une importante pénurie alimentaire, d’une inflation démentielle, de l’abandon des infrastructures gouvernementales et de dettes de plusieurs milliards de dollars à des créditeurs étrangers. En 2015, le coût du pétrole, dont l’exportation fait quasiment toute l’économie du Vénézuela, s’est effondré. Le gouvernement a décidé d’imprimer plus de devises, entraînant une inflation de près de 500%. Les citoyens sont aujourd’hui dans l’impossibilité de se procurer des produits de première nécessité, devant attendre dans d’interminables files d’attente pour obtenir des denrées — dans tout le pays, comme à la frontière colombienne, où les habitants espèrent encore trouver de la nourriture. Sans surprise, le marché noir a, lui, explosé.
D’intentes protestations et manifestations en réponse à cette situation se font entendre depuis 2014, que la première section de l’exposition documente. Une image très forte d’Anthony AsCer Aparicio montre un homme plaqué à terre, regardant l’objectif à travers les jambes de flics comme entre les barreaux d’une prison. Le photographe Oscar Castillo a quant à lui réalisé des images poignantes de femmes hurlant de désespoir ou de tanks fumants que des enfants observent. Deux photos d’Elyxanrdo Cegarra immortalisent des policiers impassibles emportant de force des jeunes gens.
Le portrait du Vénézuela tel qu’il est dressé dans « Republic Colapsada » est terrible, semble bien pessimiste, mais témoigne finalement de la force des Vénézuéliens à combattre le triste sort qui s’abat sur eux, et fait en sorte que leur voix sera entendue.
Vous pouvez voir « Republica Colapsada » à la galerie Lite-Haus, à Berlin, jusqu’au 30 août 2016. Cliquez ici pour plus d’infos.