1 Belge sur 9 prend des antidépresseurs et près de 6 personnes se suicident chaque jour en Belgique. C’est le cinquième taux le plus élevé en Europe. Les jeunes figurent parmi les plus concerné·es par ces fléaux. Du coup de blues au suicide, trouvez ici nos articles sur la santé mentale.
La plupart d’entre s’est déjà sentie stupide en scrollant sans réfléchir, pendant que la vie réelle nous passe à côté. Bien que les recherches soient mitigées concernant les effets de l’utilisation du smartphone sur l’estime de soi et la santé mentale, certaines études ont relevé une réelle corrélation entre cette utilisation et le sentiment de solitude, en particulier chez les adolescents. Parce qu’il est difficile d’estimer l’importance de ces deux variables, il est aussi difficile de dire ce qui vient en premier : sommes-nous seul·es et déprimé·es parce que nous dépendons de nos téléphones, ou est-ce le contraire ?
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Une nouvelle étude publiée en août dans le Journal of Adolescent Health suggère que la dépendance au smartphone est un bon prédicteur de la solitude et de la dépression. Dans cette étude portant sur 346 personnes âgées de 18 à 20 ans, les chercheur·ses ont découvert que la dépendance au smartphone précédait les symptômes de solitude et de dépression, et non l’inverse. Bien que l’étude ait une portée limitée, elle suggère qu’il peut y avoir davantage qu’un simple lien entre elles : l’une serait tout simplement la cause de l’autre.
Matthew Lapierre, co-auteur de l’étude, précise toutefois que la recherche était axée sur les personnes qui se sentaient déjà dépendantes de leur téléphone, et pas seulement celles qui les utilisaient de manière générale : « Nous avons vraiment essayé de nous concentrer sur cette idée de dépendance et d’utilisation problématique des smartphones, moteurs de ces conséquences psychologiques. »
Les adolescents ne sont pas les seuls à être dépendant·es des smartphones et à subir les risques associés à la santé mentale. « Certain·es chercheur·ses ont décrit les smartphones comme des sucettes pour adultes : ils apaisent l’anxiété et les autres formes de malaise psychologique » déclare quant à lui Adam Alter, professeur associé de marketing à la Stern School of Business de l’Université de New York et auteur de « Irresistible: The Rise of Addictive Technology and the Business of Keeping Us Hooked ».
« Nous pouvons réduire cette addiction pour maintenir ou améliorer le bien-être », rassure Pengfei Zhao, un autre co-auteur de l’étude. Alors qu’est-ce qu’on est censé faire ? Comment pouvons-nous changer nos habitudes pour nous sevrer ?
« Dans le domaine de la recherche sur la toxicomanie nous savons que plus une drogue est disponible, pire est la dépendance » déclare le Dr David Greenfield, fondateur et directeur médical du Center for Internet and Technology Addiction. « Nous transportons notre drogue numérique avec nous partout où nous allons. »
L’étude déclare également que le problème reste principalement l’effet qu’internet a sur la dopamine. Les notifications, par exemple, sont particulièrement mauvaises : elles vous sollicitent en vous disant qu’il peut se passer quelque chose de potentiellement intéressant, et épuisent votre taux de dopamine. Désactivez les si possible.
Selon Greenfield, une bonne première étape consiste à reconnaître que se séparer physiquement du téléphone peut beaucoup contribuer à se rééquilibrer. La plupart d’entre nous peut se rendre jusqu’à l’épicerie du coin sans son smartphone à la main ou dormir sans qu’il ne soit dans la chambre.
Lorsque vous avez votre téléphone avec vous, gardez-le hors de portée de votre vue. « Tout le monde va au café et pose son téléphone sur la table » observe Greenfield. « Voir votre téléphone décroche votre attention de ce qui se passe réellement, en vous faisant oublier ce qui se trouve juste devant vos yeux. » Greenfield déclare que changer cette situation impliquerait d’accepter l’ennui. « Nous sommes devenus intolérants à l’ennui, dit-il, mais cela augmente la créativité et nous pousse vers de véritables interactions sociales. »
Android et iOS proposent désormais des outils permettant de révéler combien de temps vous perdez à scroller sans objectif précis. Un conseil : supprimez les applications dont vous n’avez pas vraiment besoin. Selon Greenfield toujours, « Toutes ces applications exigent un prix, et ce prix est votre attention. »
« Lorsque les gens se sentent stressés, ils doivent utiliser d’autres approches plus saines pour y faire face, comme parler à un ami proche pour obtenir de l’aide, faire des exercices ou de la méditation » suggère Zhao.
« Sortir de la boucle (se sentir seul ou anxieux, se tourner vers des applications, aggraver le problème) nécessite une réévaluation directe de la raison pour laquelle nous utilisons la technologie » déclare Greenfield. « Vous devez développer une utilisation plus attentive et consciente. » Il recommande d’établir une distance critique et de travailler en amont : Comment voulez-vous passer votre temps ? Manger, dormir, faire de l’exercice et prendre soin de soi sont des éléments cruciaux de la santé mentale. Comment votre téléphone vous aide-t-il à accomplir ces tâches et à prendre soin de vous-même ? Ou comment cela nuit-il à votre bien-être ?
Dans des cas extrêmes, Greenfield voit des personnes gâcher entre quatre et sept heures de leur journée à être sur leur téléphone. « À la fin de votre vie, conclut Greenfield, voulez-vous vraiment avoir passé 15 à 20% de votre existence sur un smartphone ? » Surtout quand, au lieu de passer ce temps à bon escient, vous l’avez perdu à scroller sur les réseaux sociaux – et à le regretter.
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Cet article a été publié sur VICE US.