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Des camarades de promo de Mitt Romney à Stanford nous ont raconté des trucs sur lui

Un vendredi de printemps 1966, Mitt Romney, un jeune étudiant de première année à l'université de Stanford, a séché son cours de...

Un vendredi de printemps 1966, Mitt Romney, un jeune étudiant de première année à l'université de Stanford, a séché son cours de « Civilisation occidentale ». Au même moment, le bureau du président Wallace Sterling était assiégé par des étudiants opposés à la guerre du Vietnam. À l’extérieur, Romney, lui, manifestait contre les manifestants. Son mouvement anti-anti-guerre était formé de gens habillés en treillis, ceinture serrée et blazer. Ils brandissaient des pancartes « Non à l'anarchie » et « Soutenez le président Sterling ». Dans la soirée, après le départ de Romney, ses amis ont montré leurs vraies couleurs. Voici les souvenirs de l'un des manifestants anti-guerre – ceux contre qui manifestaient Romney et ses compatriotes.

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Alors qu'on s'apprêtait à passer la nuit dans le bureau du président, les anti-manifestants se sont comportés beaucoup moins poliment que pendant la journée. Sachant très bien qu'il y avait un bon nombre de Noirs et d'autres minorités à l'intérieur, ils se sont mis à faire semblant d'être bourrés et à chanter l'hymne des droits civils « We Shall Overcome » mais en remplaçant les paroles. Ils chantaient « We Shall Come All Over » (on va juter un peu partout). Plus tard, on a entendu des bruits de sabots, et en regardant par la fenêtre, on a vu un frat boy monté sur un cheval, comme pour signifier le retour du Ku Klux Klan.

Voilà à quoi ressemblait la joyeuse équipe de Mitt Romney. Enfin, jusqu'à ce que son père, George Romney, gouverneur du Michigan et fervent partisan de la guerre du Vietnam, change de bord en déclarant avoir subi « un lavage de cerveau phénoménal ». Quelques années plus tard, Mitt Romney déclarait : « Si ce n'était pas une erreur politique d'aller au Vietnam, je ne sais pas ce que c'était. »

Les positions guerrières instables du jeune Romney ne se sont pas arrangées avec le temps. En 1994, Romney a déclaré ne trouver aucun intérêt à servir dans l'armée. Mais en 2007, il a confié qu'il « regrettait pour plusieurs raisons de ne pas avoir été au Vietnam pour y représenter son pays ». Romney semble ne s'être jamais vraiment soucié de constance dans ses idées politiques.

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Une chose qu'il n'a jamais perdue, c'est la foi. Selon certains de ses camarades de classe avec qui VICE s'est entretenu, l'étudiant Romney était un mormon tenace. Après sa première année à Stanford (1965-1966), Mitt est parti deux ans en France en tant que missionnaire, après quoi il a terminé ses études à l'université de Brigham Young. Lynn Miller Cohagan suivait le même cours de Civilisation occidentale que lui lorsqu'ils étaient en première année.

VICE : Vous avez des souvenirs de Mitt Romney à Stanford ?
Lynn Miller Cohagan : Au moment où tous les étudiants explorent de nouvelles idées, Mitt Romney faisait la promotion du républicanisme, de son père et du mormonisme. Peut-être pas en classe, mais quand on discutait avec lui après les cours, il ne parlait que de ça. On était des étudiants de première année, on était très jeunes et pleins de questions. Mitt avait réponse a tout. Il avait toujours une opinion et c'était toujours la même. Celle de son père.

Donc la guerre du Vietnam, c’était pas sa préoccupation première ?
Non, il avait des idées sur beaucoup de choses, mais le mormonisme était en haut de la liste.

Reconnaissez-vous le Romney de Stanford dans le candidat d'aujourd'hui ?
Bien sûr. Il a toujours eu cette espèce de certitude morale. Il a toujours l'air sûr de lui, quoi qu'il fasse.

C'est intéressant parce que ça s'est passé très vite : une fois que son père a changé d'avis sur le Vietnam, Mitt a changé d'avis aussi.
Mmm. Ça ne m'étonne pas tant que ça.

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Comment ça ?
Il a hérité de beaucoup d'idées de l'église et de son père. Il était convaincu d'être sur le droit chemin, en tant que mormon. Selon lui, il n'y avait pas d'autre voie possible.

OK. Les Lumières. Mitt Romney. Pour ou contre ?
Eh bien, il se disait « éclairé », contrairement à nous.

Vous a-t-il déjà demandé s'il pouvait copier sur vous ?
Non.

Tout le monde le trouvait odieux ?
Je ne sais pas s'ils le trouvaient « odieux », mais très partisan, oui. Tout le monde connaissait son père et tout le monde savait qu'il était conservateur. Tout le monde savait aussi que Mitt était pareil que son père. Il n'était pas du tout du genre à se vanter, pas bruyant et il n'essayait pas de dominer la classe. Il n'attaquait pas les gens. Mais en dehors des cours, il était très insistant sur ses opinions. Ça ne le rendait pas désagréable. C'est juste qu'il n'était pas comme tout le monde. Il n'était pas curieux.

Ça vous a surpris qu'il parte à la fin de l'année ?
Oui, un peu.

Il y a des rumeurs qui voudraient qu’il soit parti en mission pour éviter de faire son service militaire.
Je n'aurais pas deviné. Je pensais que cette mission lui tenait à cœur. C'était dans la continuité de ses ambitions.

***

Parmi ses voisins de dortoir du bâtiment Rinconada à Stanford, Mitt Romney était une exception : son système de croyances n'a pas changé ou évolué au fil de sa première année. David Harris, le responsable du dortoir, est par la suite devenu président du cercle étudiant, s’est marié à Joan Baez et a été emprisonné pour avoir refusé de se laisser enrôler. Il s'occupait d'initier les étudiants à de nouvelles expériences, qu'elles soient politiques, musicales ou pharmaceutiques. « Si quelqu'un pouvait te convaincre, c'était [Harris] », a déclaré un étudiant de Rinconada au New York Times. « Mais Mitt a su résister à sa rhétorique. »

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À Stanford, Mitt se comportait exactement comme dans son lycée privé du Michigan : il faisait des blagues à ses potes de classe en se déguisant en flic. Bruce Borgerson, conservateur en herbe, s'est naturellement rapproché de Mitt à son arrivée à Stanford. Mais ce rapprochement fut bref, et Borgerson s’est mis à jeter les exemplaires de National Review qui lui parvenaient par la poste.

VICE : Pensiez-vous que Mitt Romney irait si loin en politique ?
Bruce Borgerson : A posteriori, je ne pense pas que j'aurais imaginé Romney se lancer dans une campagne présidentielle. J'aurais plutôt dit gouverneur, comme son père. Mais franchement, à la fin de ma première année, c’était David Harris la star. Romney n'avait aucune importance à nos yeux.

Qu'est-ce qui faisait le succès de David Harris ?
David Harris traînait avec Joan Baez et Bob Dylan, qui était supérieur à Dieu à mes yeux. Je me souviens d’avoir pensé, à l’époque : Oh, Mitt a encore fait l’intéressant en foutant son costume de flic. Ça ne m’impressionnait pas. C'était son trip. En 1974, huit ans plus tard, j'ai commencé à rédiger un journal rétrospectif, je voulais coucher sur papier mes souvenirs de Stanford. Automne 1965 : « Grand feu de camp, ce trou du cul de Romney joue au flic. »

***

Un autre étudiant de première année qui dormait dans le même dortoir que Mitt Romney a gardé des souvenirs plus élogieux du candidat. Voici ce que Mike Milburn a confié à VICE :

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VICE : Que pensiez-vous de Romney à Stanford ?
Mike Milburn : Je pense qu'il savait où il allait, beaucoup plus que les autres étudiants. Il était plus mature, il ne fumait pas. C’était pas le genre de fêtard qui se met la tête à l’envers tous les jours.

Vous auriez aimé le connaître davantage ?
Clairement. Mais en première année, j'étais plein de questions, je me cherchais. Mes parents ne m'ont pas reconnu quand je suis rentré chez moi à Noël. J’avais des idées plutôt conservatrices, et là, j'étais devenu un vrai rebelle.

À la fin de vos études, vous pensiez quoi de la guerre du Vietnam ?
Je me rappelle des manifestants dans le bureau du président. J'y suis allé pour dire que je n'étais pas d'accord avec eux. Je les trouvais antipatriotiques. J'aurais aimé passer plus de temps avec Mitt Romney quand je vois où il en est aujourd'hui. Je suis très impressionné. Vous connaissez beaucoup de gens qui peuvent réussir des études de droit à Harvard et un MBA en même temps ?

Non, personne.
Il a un potentiel énorme. Je pense qu'il comprend le capitalisme.

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