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Retour sur l’année de merde que vient de passer le SPVM

Ça ne va pas très bien, à la police de Montréal. Entre l’affaire Lagacé et la perquisition de jeudi soir, il s’en est passé, des affaires.

Plus récent embarras au Service de police de Montréal (SPVM) : ses bureaux se sont fait perquisitionner hier par la Sûreté du Québec (SQ).

Dans la mire des enquêteurs : une histoire d'allégations de fraude et d'abus de confiance en lien avec des primes versées et des heures supplémentaires facturées par le bras droit du chef du SPVM, Imad Sawaya.

« À la suite d'informations transmises par la [SQ] », un cadre a été relevé de ses fonctions pour une durée indéterminée par le chef du Service de police de Montréal, Philippe Pichet. Le court communiqué diffusé en avant-midi ne nomme pas Sawaya, mais le concerne. Selon M. Pichet, c'est du jamais-vu, la SQ qui perquisitionne le quartier général du SPVM.

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Bien qu'aucune accusation n'ait été déposée contre M. Sawaya, cette histoire ne vient pas embellir l'image du SPVM, qui en a pris pour son rhume cette année. VICE revient sur deux autres incidents marquants qui ont ébranlé la police montréalaise dans les douze derniers mois.

Affaire Lagacé

Il y a un an, une révélation choc secoue le monde journalistique : on apprend que le chroniqueur Patrick Lagacé a été espionné par le SPVM. Pas moins de 24 mandats avaient été obtenus pour surveiller son téléphone durant plusieurs mois afin de savoir à qui il parlait et où il allait.

Les mandats ont été obtenus dans le cadre d'une opération policière nommée « Escouade », pour laquelle on espionnait certains policiers après qu'on a remarqué des irrégularités dans la gestion de leurs sources d'information. Au cours de cette enquête, David Chartrand et Fayçal Djelidi ont été accusés de parjure et de tentative d'entrave à la justice en juillet 2016. M. Djelidi a aussi été accusé de sollicitation et d'obtention de services sexuels moyennant rétribution, ainsi que d'abus de confiance. Il a été déterminé à fin du mois août que les deux hommes subiraient bien un procès.

En enquêtant sur Djelidi, les policiers se sont rendu compte qu'il avait échangé avec Patrick Lagacé. C'est de là que serait née l'idée d'espionner le journaliste. Le patron de la Division des affaires internes d'alors, Costa Labos, a autorisé que l'on surveille son cellulaire. L'enquêteur Normand Borduas était impliqué.

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La semaine suivante, on a appris que le téléphone de Lagacé avait été surveillé dans une autre affaire, qui remontait à 2014. Le chroniqueur enquêtait alors sur une contravention que Denis Coderre n'aurait peut-être jamais payée. Après avoir questionné l'attachée du maire à ce sujet, une enquête criminelle aurait été ouverte par les affaires internes pour savoir qui avait fait couler cette information au chroniqueur. L'enquêteur Normand Borduas avait obtenu la permission d'examiner ses relevés téléphoniques.

Le SPVM a perdu des plumes dans cette affaire, du moins dans l'opinion publique. De nombreuses personnes ont dénoncé l'atteinte grave à la liberté de presse, d'autant plus qu'on apprenait au même moment que d'autres corps policiers avaient posé des gestes semblables, notamment la SQ qui avait épié six journalistes. Dans les jours suivants, le gouvernement a annoncé la mise en place de la Commission d'enquête sur la protection de la confidentialité des sources journalistiques, dont les audiences ont pris fin en septembre dernier.

Fabrication de preuves à l'interne

Reportage coup de poing : des ex-policiers accusent le SPVM de fabriquer des éléments de preuve pour les faire taire, rapporte l'équipe d'enquête de J.E. en février.

Parmi les témoignages recueillis, on trouve celui de Roger Larivière, ainsi que ceux de deux inspecteurs haut gradés : Jimmy Cacchione et Giovanni Di Feo. Ces deux derniers prétendent avoir découvert des cas de corruption au sein du SPVM et avoir été renvoyés alors qu'ils s'apprêtaient à transmettre cette information au ministère de la Sécurité publique et aux médias.

Ils étaient à l'époque sous écoute par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), sans le savoir. On les aurait soupçonnés d'entretenir des relations douteuses, mais les inspecteurs Cacchione et Di Feo disent n'avoir jamais reçu la preuve qui justifiait leur congédiement. Ils auraient consulté des documents de la Division des affaires internes du SPVM, et c'est ce qui leur aurait fait croire que des preuves aurait été fabriquées pour les museler.

À la suite de la diffusion du reportage, le SPVM est en crise. La semaine suivante, toutes ses enquêtes internes lui sont retirées. C'est désormais la SQ, assistée de quatre autres corps policiers, qui s'en occupera (c'est d'ailleurs l'équipe mixte d'enquête qui a mené la perquisition de jeudi soir).

Le mois suivant, en mars dernier, on apprend que la SQ enquête sur le chef de la Division des affaires internes du SPVM, Costa Labos, et un employé sous ses ordres, le lieutenant-détective Normand Borduas, pour une histoire de fabrication de preuve, dont le cas de Roger Larivère. En août, Costa Labos est relevé de ses fonctions par Philippe Pichet, sans qu'on explique pour quelle raison; on ne parle que d'« informations transmises par la SQ ».