Cadavre putréfié et femme qui chie dans un couloir : ce que l'on voit (parfois) sur un bateau de croisière

FYI.

This story is over 5 years old.

croisière

Cadavre putréfié et femme qui chie dans un couloir : ce que l'on voit (parfois) sur un bateau de croisière

Ou pourquoi la vie des employés de ces immenses rafiots est un enfer.

Comme le résumait David Foster Wallace dans son remarquable essai Shipping Out : « Il y a dans une Croisière Luxe ciblant le marché de masse quelque chose d'insupportablement triste. » C'est un fait : tout le monde est déprimé à l'idée de voir des personnes âgées excessivement riches se faire choyer par des êtres formés pour répondre à chacun de leurs caprices. Mais qu'en pensent ces derniers, justement ?

Publicité

À l'instar de celui des invités, le quotidien des employés de croisières de luxe a quelque chose d'irréel – tous évoluent dans un monde fait de promiscuité, d'alcool à volonté et de débauches en tous genres. « Les invités pensent être des fêtards invétérés », remarque Garrett*, qui a officié sur des croisières de luxe pendant sept ans pour le compte d'une compagnie dont il préfère taire le nom. « Ils n'ont aucune idée de ce qu'il se passe chez nous. On pourrait comparer ça à un internat : chaque employé se pointe au boulot avec la gueule de bois et se moque des invités dès qu'il en a l'occasion. Mais ce qui m'a vraiment frappé, c'est le fait que tout le monde couche avec tout le monde. Et le lendemain, tout le monde agit comme s'il ne s'était rien passé. »

Aux États-Unis, le marché des croisières représente 38 milliards de dollars par an et près de 314 000 employés. L'année dernière, environ 574 000 Français ont embarqué sur un paquebot. Pour en savoir plus sur les coulisses de ces séjours placés sous le signe de l'absurdité de la condition humaine, on a demandé à des employés de nous livrer leurs pires souvenirs.

Norm, 31 ans, machiniste

On venait de me désigner un nouveau colocataire qui officiait en tant qu'ingénieur du son sur le bateau – et j'étais plutôt content, puisque son rôle à responsabilités impliquait que je déménage dans une plus grande cabine. Quand on a installé nos affaires, il m'a dit : « Hey, ma fiancée va venir le mois prochain. Ça t'embête pas qu'elle reste dormir quelques nuits ? » Bien entendu, j'ai dit oui – et il m'a gentiment dit que mes invités seraient aussi les bienvenus. Le soir même, on est allés boire des coups au bar. Quand je suis revenu dans la cabine, il y avait une employée du casino dans son lit. Sur le coup, je me suis dit que ça ne me regardait absolument pas. Sauf qu'elle est revenue le lendemain, puis le surlendemain, et a passé presque trois semaines chez nous. J'imagine qu'ils pensaient être discrets et que j'étais déjà endormi. Dans un premier temps, je n'ai rien dit.

Puis un soir, j'en ai eu marre. J'essayais de dormir, comme d'habitude, quand je l'ai entendue dire : « Frappe-moi. » Mon coloc a décliné, mais elle a insisté. « Allez, frappe-moi. J'aime ça. » Il a fini par céder et lui donner une toute petite claque. Elle a renchéri : « Non. Frappe-moi plus fort. » Il se sentait clairement de plus en plus mal à l'aise. « Allez, frappe-moi vraiment. » « Non, je n'ai pas envie. » « Si, frappe-moi ! » « J'ai vraiment, vraiment pas envie. » « Allez. » Excédé, j'ai fini par hurler : « MAIS FRAPPE-LA PUTAIN ! »

Publicité

Je les ai entendus gigoter puis ils ont fait semblant de dormir. La semaine suivante, la fiancée de mon coloc est arrivée. Et je n'ai jamais abordé le sujet.

Garrett, 25 ans, secouriste

Un matin, alors que je marchais sur le pont, le responsable de la sécurité a accouru vers moi et m'a demandé : « Tu as entendu parler de la femme qui a chié dans le couloir ? » Avant même que je n'ouvre la bouche pour lui répondre, il m'a montré les images des caméras de vidéosurveillance. Effectivement, on y voyait une femme – la cinquantaine, vêtue d'une robe très élégante – marcher le long d'un couloir, tourner la tête de gauche à droite pour s'assurer qu'elle était seule, avant de se soulager par terre. Puis on la voit reprendre tranquillement sa route, comme si de rien n'était. Quand on l'a gentiment confrontée, elle a nié en bloc et rétorqué « Oui c'est moi sur la vidéo, mais je n'ai pas fait caca. » Ce à quoi on lui a répondu : « Hum, OK. » Qu'est-ce qu'on pouvait bien dire d'autre ? Bien sûr, nous avons un règlement strict, et certains actes répréhensibles peuvent vous faire expulser d'un bateau. Mais il reste quelques zones grises : et si cette femme s'était soulagée pour des raisons médicales ? On ne peut pas dégager une cliente pour des raisons médicales. Dans ce cas-là, quelle est la meilleure chose à faire ? Prétendre ne jamais avoir vu une cinquantenaire chier dans un couloir, tout simplement.

Publicité

Erin, 27 ans, photographe de croisière

Lors d'une des croisières sur lesquelles je travaillais, un passager est mort et son cadavre n'a été trouvé que trois jours plus tard. On venait juste d'arrimer au Vietnam, et le climat était très ensoleillé et humide. Alors que j'étais en train de développer des photos dans mon laboratoire, une annonce a été diffusée par les haut-parleurs : « Est-ce que le responsable photo pourrait amener son matériel sur le pont ? » Le responsable en question a déboulé dans le laboratoire, s'est emparé de tout ce qu'il pouvait et est parti à la hâte, sans dire un mot. Très vite, je me suis dit qu'il avait dû se passer quelque chose de grave – j'avais raison.

Apparemment, un vieux passager avait réussi à ouvrir la porte du local où se trouvait la ventilation. Cette porte était tellement lourde que même l'équipage galérait parfois à l'ouvrir. Il s'était cogné la tête à un tuyau et était tombé à la renverse, dans une position où ses jambes se trouvaient au-dessus de sa tête. Le sang lui est monté à la tête, et il est mort. Et parce qu'il crevait de chaud et que nous n'avions aucune idée d'où il se trouvait, son corps avait commencé à gonfler.

Quand son cadavre a été retrouvé, il était devenu méconnaissable – et je n'ose même pas parler de l'odeur. Tous les officiers ont dû se salir les mains. Le responsable de la sécurité – qui venait d'Irlande du Nord et avait fait l'armée – a dû découper son cadavre à travers les différents tuyaux afin qu'il puisse être extirpé. En plus de cet incident tragique, le pont 14 est longtemps resté couvert de sang.

Ryan, 34 ans, officier de pont

Il y a quelques années, lors de deux croisières successives, deux passagers se sont suicidés en se jetant par-dessus bord.

Le premier l'a fait au beau milieu de la journée. Alors que j'étais dans mon bureau, le téléphone a sonné et un mec a crié : « Une femme s'est jetée dans l'eau ! » Âgée de plus de 50 ans, elle était sur le bateau avec son mari. Ils s'étaient disputés et elle avait sauté, sur un coup de tête. C'était sur le pont, devant tous les autres passagers. Le bateau a rapidement fait marche arrière et on est retournés à l'endroit en question, mais après 32 heures de recherches, il n'y avait toujours aucun signe du corps.

Quelques mois plus tard, des membres de l'équipage ont retrouvé des vêtements abandonnés sur le pont pendant la nuit. Rapidement, après avoir consulté les caméras de surveillance, on a noté que quelqu'un avait sauté. Le corps n'a jamais été retrouvé.