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Feminisme

De la difficulté de choper sur LinkedIn

« Coucou, tu veux voir mon CV ? »
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR
L'auteure, et un message envoyé
L'auteure, et un message envoyé 

Cet article a été initialement publié sur Broadly.

Je sais que tout le monde adore se vanter de ne pas utiliser ou comprendre LinkedIn, mais je n'utilise réellement jamais ce site, à part pour accepter une demande d'ajout une fois tous les sept mois, histoire que les gens ne pensent pas que je les déteste. Ma page – qui est associée à feu mon adresse mail Yahoo et qui requiert un hackaton dès lors que je tente de me connecter – affiche un résumé succinct de mon CV, une photo de moi d'il y a quatre ans et toute une section mentionnant le fait que j'ai reçu zéro recommandation.

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Quel est donc l'intérêt de LinkedIn pour moi, humble chroniqueuse sexuelle qui ne possède ni cartes de visite ni stylos ? Le voilà : les applications de non-rencontres concurrencent désormais les applications de rencontres grâce à leurs pouvoirs d'entremise. Nous savons tous que Twitter et Instagram facilitent les coups d'un soir et les relations depuis des années ; même les applications de covoiturage comme Uber sont susceptibles de réunir des personnes présentant des atomes crochus. Un récent article du Philadelphia Inquirer dressait le portrait d'un couple, désormais fiancé, ayant fait connaissance dans un UberPOOL. « C'est la première fois que je rencontre quelqu'un avec qui je me sens aussi connecté sur de nombreux plans, et ça, je le dois à Uber », a déclaré le fiancé. Il y a quelques mois, une de mes amies a rencontré un type mignon grâce à une autre application de covoiturage, Lyft Line. Après la course, ils se sont ajoutés sur Facebook et se sont vus pour boire un verre. Le rencard a foiré – ça arrive – mais n'aurait-ce pas été génial s'il avait marché ? Nous sommes tous tellement désespérés de trouver quelqu'un en dehors des applications que même une rencontre dans un Uber nous semble aussi adorable que vieux jeu. J'ai récemment discuté avec une femme qui a rencontré son copain en jouant à Pokémon GO. C'est l'année dernière, en rentrant chez elle après une longue journée d'« attrapez-les tous », qu'elle a croisé un homme au téléphone. « Il y a un Mélofée ici », a-t-il déclaré. La suite appartient à l'histoire.

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Reste qu'il est quelque peu inhabituel de chercher des plans cul sur LinkedIn, étant donné que, eh bien, il s'agit d'un espace professionnel, et que vous n'êtes pas censé chier où vous mangez – ou quel que soit le proverbe. Cela n'empêche pourtant pas certaines personnes d'ajouter avec frénésie des canons sur LinkedIn. L'enjeu reste faible : si quelqu'un vous accuse d'avoir de mauvaises intentions, il vous suffit de l'accuser d'être présomptueux. Un mec avec lequel je suis sortie il y a six ans – appelons-le « mon erreur républicaine » – m'a ajoutée sur LinkedIn l'année dernière, ce qui m'a fait hurler de rage. « Je ne veux plus JAMAIS avoir affaire à toi », lui ai-je aussitôt envoyé par message. (Note : Ses intentions étaient de toute évidence mauvaises puisqu'il est improbable que nos chemins professionnels se croisent. Il brasse de l'agent tandis que je mange des Haribo au déjeuner. Souvent.) Un ami m'a raconté qu'il avait récemment ajouté son ancienne professeure de lycée – il ne s'attendait pas à ce que ça débouche sur quelque chose, tout comme vous ne vous attendez à rien lorsque vous likez le selfie de votre béguin d'il y a deux ans.

J'ai également discuté avec un mec qui a rencontré sa copine actuelle sur LinkedIn. Après ses études, il a été embauché en tant que « recruteur de cadres », ce qui l'obligeait à passer des heures sur le site. « J'étais à la recherche d'un directeur de l'ingénierie, et dans cet océan d'Indiens et de vieillards blancs, le profil d'une femme attirante (quoique largement sous-qualifiée) est apparu sur ma liste, déclare-t-il. Je lui ai envoyé une demande d'ajout avec un court message expliquant que je serais heureux de l'aider si elle était en recherche d'emploi, et que bien sûr, je n'avais jamais entendu parler d'elle. » Mais ce n'est pas tout. Quelques mois plus tard, lorsqu'il a téléchargé l'application de rencontres Hinge, son « attirante connexion LinkedIn » est arrivée en tête des matches potentiels. « Je lui ai envoyé un autre message pour lui demander si elle était bien la même Elizabeth que sur LinkedIn », raconte-t-il. Ils sont ensemble depuis deux ans.

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Dans le cadre de cet article, j'ai voulu savoir si je pouvais *me connecter* avec quelques jolis professionnels. Mais où trouver de potentiels matches ? J'ai cliqué sur « Emplois », mais il n'y avait que des sociétés cherchant à embaucher. J'ai ensuite tapé « hommes » dans la barre de recherches, mais les résultats n'étaient pas plus fructueux. Wow, LinkedIn semble vraiment être ce qu'il prétend être ! Je croyais pourtant que n'importe quelle application pouvait faire office de substitut aux applications de rencontres du moment que vous êtes assez désespéré. J'ai entendu d'innombrables histoires de personnes ayant réussi à baiser grâce à Postmates, Words with Friends, Couchsurfing et SpareRoom.

J'ai passé la majeure partie de mon temps à sonder la section « Les connaissez-vous ? », en envoyant des demandes d'ajout aux mecs qui avaient l'air mignon sur leur photo et qui ne travaillaient pas pour une entreprise arborant le mot « Solutions » dans son intitulé. Quelques-uns m'ont acceptée, mais aucun n'a fait preuve d'assez de professionnalisme pour passer à l'étape suivante – j'ai donc décidé de faire le premier pas. Mais le problème avec LinkedIn, c'est qu'il n'y a aucun moyen de savoir qui est célibataire, qui est hétéro – qui est potentiellement partant, en somme. Je voulais contacter un mec mignon de mon réseau, mais un pote m'a dit qu'il « avait une petite amie et qu'il était probablement gay de toute façon ». J'ai parcouru l'équivalent d'un fil d'actualité selon LinkedIn, et j'ai liké chaque poste, y compris celui qui commençait par : « Cela fait des années que je dis que la messagerie électronique va révolutionner le marketing. » Est-ce qu'au moins, quelqu'un allait comprendre que je flirte ?

Peut-être y avait-il des hommes mignons et intéressants avec qui j'étais déjà connectée, accidentellement. J'ai parcouru mes amis et suis tombée sur un mec que j'appellerai Ant French, une vieille connaissance. Puisque je n'ai pas trouvé de fonction « poke » ou « Hello », je suis allée de l'avant et j'ai recommandé ses trois meilleures compétences : la gestion de projet, les technologies de l'information et le cash-flow. Il bosse comme analyste d'entreprise et a pour principale tâche la « cartographie des processus et des diagrammes de flux commerciaux » – c'est si drôle et si exotique à la fois que ça m'a un peu excitée. Je n'ai pas eu de ses nouvelles, ni de celles des autres hommes auxquels j'ai transmis un « Salut quoi de neuf ? » ou recommandé des compétences qui me dépassent.

Après quatre jours passés à chercher un plan cul sur le site, je dois admettre que l'échec est complet. Il faut dire que je n'en ai pas fait assez et que je me suis contentée de piocher dans mon réseau. J'imagine que je n'ai jamais pleinement apprécié le fait que les applications de rencontres rendent l'ensemble de ce processus beaucoup plus facile, dans le sens où l'intention de chacun y est plus ou moins la même. En vérité, je déteste tout ça et je suis fatiguée. Si vous faites partie des nombreuses personnes à qui j'ai envoyé une demande d'ajout cette semaine, dites-vous que c'était pour une raison professionnelle. J'essaie d'élargir mon réseau.