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Pas de panique, les robots ne vous volent pas votre travail

Les industries dans lesquelles plus des trois quarts des emplois sont mis en péril à cause de l'automatisation représentent seulement 1,7 % des emplois au Canada.

Un nouveau rapport démonte la théorie qui voudrait que l'automatisation s'infiltre lentement mais sûrement dans tous les secteurs de l'économie, créant des destructions d'emplois massives.

Le rapport, publié par le C.D. Howe Institute, indique que les emplois des Canadiens sont concentrés dans des industries qui nécessitent un haut degré de compétences cognitives. De fait, le marché du travail canadien est moins susceptible de connaître une automatisation de masse.

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« Des récentes publications clamaient que de larges pans de la population allaient se retrouver au chômage dans les années à venir, au Canada et aux États-Unis. Cette affirmation est quelque peu alarmiste, » pose le rapport.

Il existe en réalité des données qui soutiennent l'idée que les travailleurs canadiens ne vont pas être remplacés par des robots.

Entre 1987 et 2015 par exemple, les emplois dans les « postes intellectuels non-routiniers » (comme les avocats, les analystes, les ingénieurs, les docteurs) ont augmenté de 91 % — 2,6 millions d'emplois de ce type ont été ajoutés au marché du travail canadien. En revanche, les emplois pour les « postes routiniers » (les ouvriers, services de nettoyage) ont augmenté de seulement 27 % au cours de la même période. Ces données indiquent que la composition du marché du travail canadien tend vers l'augmentation des emplois plus qualifiés.

Une autre donnée importante est à noter : les industries dans lesquelles plus des trois quarts des emplois sont mis en péril à cause de l'automatisation représentent seulement 1,7 % des emplois au Canada.

« L'automatisation dans certains secteurs va effectivement avoir lieu — mais pas au rythme que l'on pense, » explique à VICE News, Rosalie Wyonch, une des chercheurs à avoir travaillé sur le rapport.

« Les catégories d'emplois les plus à risque sont les caissiers, les aides de cuisine, les serveurs — ils sont déjà, en un sens, remplacés par des machines. Mais je ne pense pas que cela soit une si mauvaise chose. »

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« Quand une personne n'a pas l'option d'un emploi peu qualifié, cela peut l'encourager à obtenir la formation nécessaire pour faire progresser ses compétences, » estime Wyonch.

Mais cela n'est pas si simple. Un récent rapport du Conference Board du Canada indique que le Canada est globalement à la traîne en terme de formation professionnelle et de formation continue. Le pays ne semble pas bien équipé pour s'occuper des travailleurs qui ont besoin de se reconvertir parce que leurs emplois ont disparu — à cause de l'automatisation ou de la mondialisation.

Dès lors, le marché du travail canadien s'est rempli de nombreux emplois à temps partiel, explique Trish Hennessy, directrice de recherche au Centre canadien de politiques alternatives. L'augmentation des emplois à temps partiel est bien plus rapide que celle des emplois à temps plein.

Hennessy dresse un lien entre l'automatisation et le travail à temps partiel. Elle pense que les conversations alarmistes autour de l'automatisation nourrit la prolifération d'emplois plus précaires et plus temporaires.

« Plus les gens craignent de perdre leurs emplois à cause de robots, moins ils vont être gourmands en termes de conditions de travail, » dit-elle.

Ce phénomène a déjà eu lieu dans le secteur manufacturier au Canada. Lors de récentes négociations, des employés syndiqués ont cédé alors que leurs employeurs agitaient la menace de l'automatisation. La plupart des gens préfèrent avoir un travail à temps partiel, ou un travail sans avantage social, plutôt qu'aucun travail.

Le rapport de C.D. Howe suggère deux options au gouvernement canadien. Premièrement, il faudrait apprendre aux enfants la réflexion critique et des compétences interpersonnelles dès leur plus jeune âge. Comme ça, le temps qu'ils rentrent sur le marché du travail, ils auront l'avantage sur n'importe quel système informatique.

Deuxièmement, les nouveaux arrivants sur le marché du travail devraient avoir un esprit entrepreneurial. « Alors que les emplois nécessitent des compétences chaque jour plus importantes, les employés vont devoir s'adapter et prendre des décisions sans l'aide de leurs managers. » Traduction : n'attendez pas, ayez vos propres idées.