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Sports

Junior-sénior : Alain et Nicolas Prost

Nicolas Prost a surpris les observateurs par ses performances lors de la première saison de Formula E. Le tout sous les yeux de son père Alain, co-propriétaire de l'équipe Renault e.Dams et jamais très loin de son fiston.

Cet article fait partie du programme e-Generation,_ réalisé _en partenariat avec Renault.

Dans le sport automobile, tout le monde respecte le nom d'Alain Prost. Considéré comme un des meilleurs pilotes de l'Histoire de la F1, "Le Professeur" a remporté quatre fois le championnat du monde de Formule 1, entre 1985 et 1993, et son palmarès de 51 victoires n'a été battu que par Michael Schumacher.

L'histoire veut que Prost, alors jeune espoir de Formule 3 (il a remporté les titres européen et français de F3 avec Renault en 1979), ait eu un jour une proposition du président de la FIA Jean-Marie Balestre. Il voulait alors aider son compatriote à se faire la main en Formule 2. Une offre à laquelle Prost aurait répondu : « Mais ce que je veux, c'est une Formule 1 ! »

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Il fallait justifier cette confiance en soi : lors de sa première année en F1, Prost a marqué 1 point. La saison suivante, il signe chez Renault, remporte neuf courses, et termine à deux points du titre de champion du monde en 1983. Après trois titres chez McLaren et l'une des plus grandes rivalités de ce sport avec Ayrton Senna, Prost quitte le monde de la F1 au sommet, avec un quatrième titre mondial après avoir dominé toute la saison 1993. Il conduit alors la formidable Williams-Renault FW15C, conçue par Adrian Newey.

Tout ça n'était qu'un prologue puisque l'histoire entre Prost et Renault connaît un nouveau chapitre dans le championnat de Formula E d'Alejandro Agag. Et ce n'est pas l'unique Prost. Alain est le copropriétaire de l'équipe Renault e.Dams qui a remporté quatre courses et le premier championnat par équipes grâce à son fils Nicolas et à l'ex-pilote de F1 Sébastien Buemi.

Buemi a explosé les temps en pré-saison et on attendait de lui qu'il soit le leader de l'équipe e.Dams. Pourtant, c'est Nicolas Prost qui a surpris son monde en prenant la pole position lors de la première course à Pékin, avant de répéter l'exploit la fois suivante à Putrajaya. À 34 ans, Prost est entré comme un inconnu dans la compétition, malgré deux victoires consécutives dans la course américaine du Petit Le Mans. Si son CV ne lui rend pas justice, Prost semble pourtant à l'aise sur les raides et sinueux circuits urbains de Formula E. Il a également une perspicacité technique qui en fait le chouchou des ingénieurs automobiles. Ça ne vous rappellerait pas quelqu'un ?

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Il y a bien eu quelques accrocs, notamment dans le dernier virage de Pékin avec Nick Heidfeld, mais Prost, le jeune, avait bien toute sa place en pole position. A Miami, il a conquis sa première victoire avec style, lançant son accélération décisive sur Daniel Abt à l'avant-dernier tour, tout en maintenant à bonne distance le héros local (au nom prédestiné), Scott Speed.

À lire : Sébastien Buemi se remet en selle

Si Nico a la pression de travailler sous les ordres de son illustre père, ça ne se voit pas. Prost a même été leader du championnat pendant une bonne moitié de la saison, avant que Nelson Piquet Jr, puis Sébastien Buemi, ne le dépassent dans la lutte pour le titre. Le rédacteur en chef du site spécialisé Current E, Ross Ringham, a suivi toute la saison de Formula E. Il trouve que le rôle d'ambassadeur d'Alain Prost convient à tout le monde.

« Alain a bien fait comprendre qu'il n'allait pas trop s'occuper des pilotes. Son rôle a plus à voir avec les sponsors, les relations avec Renault, ce genre de choses, explique Ringham. Il ne s'occupe pas de manager l'équipe ou de la façon dont travaillent les pilotes ou les ingénieurs. Ça, c'est plutôt le boulot de Jean-Paul Driot (le propriétaire de l'équipe e.Dams, ndlr). Ils discutent de temps en temps, mais ce n'est pas comme s'il allait donner des conseils à Nico à chaque fois qu'il met son casque. C'est un adulte, il a sa propre carrière et Alain le laisse faire. C'est une relation très professionnelle de ce que j'ai pu en voir. »

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« C'est un très bon fonctionnement. Ils bénéficient évidemment de l'expérience et de l'intelligence de Prost. Alain est un atout pour tout ce qui est stratégie et approche des choses. Et cela n'a pas d'impact négatif sur le fonctionnement de l'équipe. La meilleure preuve, c'est leurs résultats. Je ne pense pas qu'il y ait de favoritisme ou de pression particulière sur Nicolas. Alain est là comme ressource impartiale, et c'est comme ça que l'utilise l'équipe. »

C'est un point de vue qui semble convenir à l'homme en question.

« Travailler avec mon fils a été une expérience aussi belle que difficile », a raconté Prost sénior à Current E après le Grand Prix de Pékin l'an dernier. « Ce n'est pas comme s'il avait quinze ans et que j'étais encore sur le circuit. C'est un pilote confirmé et il a la reconnaissance de tout le monde aujourd'hui. Je ne parle pas de conduite avec lui. Je me mets dans une position différente dans l'équipe, je m'occupe plus du côté politique, organisationnel, du marketing. Je fais des commentaires seulement quand je vois des choses très étranges. Je ne veux pas interférer. »

« A part lors des premières conférences de presse, Alain était la plupart du temps une figure de l'ombre pendant les courses, continue Ringham. Il n'évitait pas les questions quand il y en avait, mais il ne cherchait pas à se mettre en avant. Au fil des courses, Nico s'est, lui, de plus en plus montré. Pékin a définitivement aidé à ce qu'il se fasse respecter. Une pole position et une super performance dans la première course ont montré qu'il était rapide et à l'aise avec la voiture. »

« Dans l'équipe, Nico n'était pas une grosse promesse comme Buemi, qui avait toute son expérience en F1 avec lui. Mais il s'est montré très prompt et a surpris plusieurs personnes au fur et à mesure de la saison. La pole position de Pékin était une chose, mais, après le crash et la déception, il s'est repris et a récupéré la pole lors de la course suivante. Peut-être qu'il a pris plus de risques pour conquérir cette pole position, ce qui n'est pas forcément un attribut qu'on associe au nom Prost, mais c'est ce que vous devez faire sur un circuit urbain quand vous utilisez la même technologie que tout le monde. Sa saison ne s'est pas vraiment déroulée de la façon dont il le souhaitait, et elle est tombée un peu à plat sur la fin. Mais il fut l'un des sept vainqueurs de courses de cette première saison, ce qui est déjà une réussite. »

La question de savoir si l'axe Prost-Prost va prospérer lors de la deuxième saison dépend en grande partie des progrès des nouvelles transmissions Renault. Les premières indications durant les tests étaient positives : e.Dams a régulièrement joué les premiers rôles que le circuit soit sec ou mouillé. De la patience et une détermination de fer seront requises car durabilité et performance vont de pair. Mais ça ne devrait pas trop poser de problèmes à Renault.