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Sports

La renaissance de l'équipe de handball du Qatar se fait avec peu de joueurs qataris

La Qatar n'investit pas seulement dans le foot, mais aussi dans le handball. L'équipe nationale, qui a perdu contre la France, réunit des joueurs venus de Croatie, de Cuba, d'Egypte et de France.
Photo by Vinod Divakaran/via Wikimedia Commons

Dans un remake de la finale du championnat du monde 2015 de handball, la France a une nouvelle fois battu le Qatar, mardi aux Jeux de Rio. Après la rencontre, l'équipe qatarie, principalement composée de joueurs européens, est rentrée en silence dans son vestiaire et seulement quelques joueurs se sont arrêtés pour parler aux médias. C'est difficile de leur reprocher de ne pas être disponibles pour les journalistes : ils savent très bien que beaucoup vont leur demander comment ils ont été amenés à jouer sous les couleurs du Qatar.

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Les athlètes russes mis de côté, l'équipe de handball du Qatar est peut-être la plus controversée des Jeux olympiques de Rio. Bien qu'on s'intéresse davantage aux préparatifs de la Coupe du monde 2022 du Qatar, il faut noter que l'Etat du Golfe n'investit pas seulement dans le football, mais aussi dans d'autres sports. L'année dernière, le pays a dépensé 250 millions de dollars pour pouvoir accueillir les championnats du monde de handball. 20 fois plus que l'Espagne qui avait organisé la compétition deux ans auparavant.

Contrairement au football, qui a des règles complexes pour permettre à un joueur de changer de sélection nationale, les règles du handball sont assez libérales. Les handballeurs sont autorisés à jouer pour une équipe nationale différente de leur pays d'origine à condition de ne pas avoir joué pendant trois ans pour leur sélection d'origine. Le Qatar a profité de ce point de règlement pour construire "une sélection mondiale", selon les propos tenus par le gardien autrichien Thomas Bauer lors des Mondiaux 2015.

Durant cette compétition, les joueurs nés à l'étranger représentaient près de 65 % de l'équipe. Aux Jeux olympiques, le Qatar est passé à 80%, avec seulement trois joueurs nés au Qatar dans l'effectif. Dans cette équipe, il y a des joueurs nés en Croatie, en Espagne, en Syrie, au Monténégro, en Bosnie-Herzégovine et en France.

Avant de représenter le Qatar, Bertrand Roiné avait cumulé 20 sélections avec l'équipe de France.

Cette stratégie a payé lors du championnat du monde 2015. Le Qatar est arrivé en finale et s'est incliné face à la France. Une sacrée performance pour cette équipe qui n'était pas sortie des poules lors des Mondiaux précédents, après avoir remporté seulement un match. Après sa deuxième place à domicile, le Qatar avait été critiqué pour sa stratégie de recrutement. Sepp Blatter, alors président de la FIFA, avait renchéri : « Le fait que le sport créé du lien social et rassemble des cultures n'est jamais assez souligné. Cependant, ce qui est arrivé cette année au championnat du monde de handball au Qatar rend cette notion absurde. »

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Le président de la Fédération qatarie de handball, Ahmed Mohammed Abdulrab Al Shaabi, a, apparemment bien entendu le message de Blatter. L'an dernier, il a déclaré aux médias qu'il devait importer des talents dans son pays parce que « nos ressources humaines sont limitées ». A l'avenir, a-t-il ajouté, « nous prévoyons de compter sur nos jeunes et nos joueurs ». Une stratégie qui ne se manifeste pas encore à Rio.

Après le match contre la France, le gardien remplaçant Goran Stojanovic, originaire du Monténégro, a été l'un des rares joueurs à parler à la presse. Lorsqu'on lui a demandé comment les joueurs de l'équipe communiquaient entre eux, il a eu l'air un peu ahuri avant de répondre que l'anglais était la langue d'usage, comme si c'était une évidence.

En sortant des vestiaires, Abdulrazzaq Murad, l'un des rares joueurs qataris pure souche de l'équipe a affirmé que les joueurs parlaient « anglais, bien sûr, ou arabe ».

« Les nouveaux joueurs ont-ils des cours d'anglais ? », lui ai-je alors demandé.

Murad a secoué la tête comme s'il était exaspéré, puis est parti vers le bus de son équipe.

Aaron Gordon est à Rio pour VICE.