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Il devient quoi, Yussuf Jerusalem ?

« On nous avait dit beaucoup de choses au sujet de Benjamin, le chanteur de Yussuf Jerusalem, qu’on avait découvert l’an dernier grâce à VICE. Entre autres que c’est un sale con prétentieux qui déteste tout le monde et qui dévore des bébés. Vivants. En vrai, ce garçon mange des jambon-beurre au Clair de Lune, son « bar de hooligans » préféré, quand on le sort du lit à 14 heures pour faire une interview. Et il est plutôt sympa. »

Voilà ce qu’on pouvait lire en 2010 sur Brain Magazine à propos de Yussuf Jerusalem. Quoi de mieux, pour ceux qui ont réussi à passer à côté d’eux (et des Creteens) au cours de ces 10 dernières années que cette introduction au vitriol ? À l’occasion de sa venue samedi 4 juillet dans le cadre du festival organisé par le label XVIII Records à la Mécanique Ondulatoire et pour savoir où il en était, on a décidé de poser les mêmes questions qu’en 2009 (et 2/3 autres) au leader du meilleur groupe lo-fi français des années internet.

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Noisey : C’est qui aujourd’hui Yussuf ?
Yussuf Jerusalem :
C’est l’apparition furtive d’un flecktarn entre les sapins et les buis du Jura, ou bien une édition obsolète de Donjons & Dragons.

Y’a qui dans la formation actuelle ?
Wam depuis le début, des chansons que j’enregistre dans mon coin parce que j’ai jamais trop réussi a faire des projets avec d’autres gens. En concert, c’est Valentin qui joue de la basse depuis le début, et Fabrice à la batterie qui nous a rejoint un peu plus tard.

Ca vous arrive de répéter ?
On répète vraiment rarement, une ou deux fois par an max, je déteste ça. En gros, les concerts sont nos répètes.

Est-ce qu’il y a des nouveaux disques de prévus ?
Oui certainement, je bosse sur un nouveau disque et un projet de split aussi, mais ça prend du temps. J’ai perdu quelqu’un de cher deux ou trois semaines après la sortie du second album. Du coup, j’ai eu besoin d’un peu de temps pour digérer. J’ai quitté Paris pour venir vivre dans le Jura. Je n’avais plus du tout envie de jouer des concerts ou même de toucher ma guitare pendant un moment… On aurait du tourner et profiter de la sortie du disque mais j’avais juste envie de disparaître, de faire autre chose. D’ailleurs j’en ai profité pour faire une école de forgeron.

On devait pas faire l’interview y’a deux semaines déjà ?
Pas le temps.

On t’en envoie toujours d’ailleurs ?
À partir du moment où on n’a plus eu l’estampillage Born Bad, ça s’est bien calmé niveau presse « mainstream » et concerts dans les SMACS de province. Ce n’est pas forcément un mal.

As-tu plus de temps aujourd’hui qu’en 2009 ?
J’ai six ans en moins et 60 kilos (de muscles) en plus.

C’est quoi tes sites internet de prédilection en ce moment ?
Le premier truc que je fais le matin avec mon café c’est lire la planche /tg/ sur 4chan.

Tu fais quoi pour gagner de l’argent ?
Là je suis en intérim dans une usine de plastique, je me lève à 4h et l’ambiance est bien pourrie. La même famille se succède à la direction depuis plusieurs générations et ils sont complètement déconnectés. Les ouvriers aussi d’ailleurs… ou alors, c’est moi ? Si on venait tourner un épisode de Strip Tease ici, personne ne voudrait y croire.

La capitale te manque ?
Je suis parti parce que j’en pouvais plus, mais honnêtement, j’ai passé ma vie là-bas et j’ai un pincement au coeur à chaque fois que j’y repense. Maintenant que je n’y habite plus, je me rends compte à quel point tout change vite et pas pour le mieux. Bref, ouais, je suis nostalgique.

Tu comptes rester dans le Jura encore des années ?
Le coin est très beau. J’ai une maison ici, un énorme lac, des forêts dont je n’ai pas encore exploré le quart et j’apprécie le fait d’être au milieu de nulle part… Mais le revers de la médaille c’est que je suis effectivement au milieu de nulle part, il faut faire 150 bornes pour voir un concert ou un film, il y a que des tafs de merde, et même si il y a peu d’habitants, proportionnellement, il y a un bon lot d’abrutis. Parfois, c’est fissurant… Je pense bouger si je trouve un autre endroit où aller.

Tu te barres quelque part cet été ?
Non, je dois rentrer des stères de bois pour l’hiver.

Serais-tu prêt à tout lâcher pour retourner jouer dans le sud des États-Unis ?
Ce qui est fait n’est plus à faire.

C’était comment de jouer aux USA un 11 septembre d’ailleurs ?
Un genre d’énorme fête avec plein de tacos et de pointes de pizz.

T’aimerais aller jouer quelque part en 2015 ou les concerts te font chier ?
Ca fait des années que je me ruine la santé à dégriser la map occidentale, et j’aime ça, que ce soit à Memphis, ou Angoulème un dimanche soir. En 2015, j’irais bien à Novi Sad.

Sinon, c’était comment de jouer avec Kickback ?
Je pense qu’on était le choix parfait pour faire rager leur public de peigne culs, à part ça, c’était une soirée sans intérêt.

Pour finir, qu’est ce qui te révolte aujourd’hui ?
Le monde moderne. Bisous.



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