La meilleure blague de l’histoire de la sociologie

Fin 2014, la revue de sciences humaines et sociales Sociétés dirigée par le très médiatique Michel Maffesoli publiait son dernier numéro de l’année, intitulé « Re-penser l’ordinaire ». À la page 115, le lecteur pouvait découvrir un article consacré à l’Autolib’, la petite voiture électrique parisienne en libre-service. Il est signé par un jeune chercheur québécois alors inconnu : Jean-Pierre Tremblay. Dans une prose pompeuse, assez révélatrice du style de la revue, l’auteur nous invite à considérer l’Autolib’ comme « l’indicateur privilégié d’une dynamique macrosociale sous-jacente » correspondant au « passage d’une épistémè “moderne” à une épistémè “postmoderne” ».

Tout aurait pu en rester là. Sauf que J.-P. Tremblay n’existe pas et qu’il s’avère que « l’article universitaire » a été écrit en une semaine par deux sociologues désireux de mettre en lumière la vacuité scientifique et intellectuelle de la « sociologie postmoderne » à la sauce maffesolienne. Une fois le canular révélé sur un blog scientifique, l’affaire a fait un tel bruit qu’elle a forcé Michel Maffesoli à réagir publiquement, jusqu’à annoncer sa démission du poste de directeur de publication de la revue qu’il a fondée en 1982.

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Derrière le pseudonyme de Tremblay se cachent en réalité deux chercheurs en sociologie, Arnaud Saint-Martin et Manuel Quinon, respectivement chargé de recherche au CNRS et doctorant à l’Université Paris-Diderot. Loin d’être les novices avides de scandale pour lesquels on a voulu les faire passer, Arnaud et Manuel sont dans le circuit depuis une quinzaine d’années. Tandis que Manuel termine sa thèse sur la présence d’un réseau de chercheurs « ésotéristes » au sein de l’Université française dans les années 1960, 70 et 80, Arnaud s’est quant à lui spécialisé dans la sociologie des sciences et s’intéresse en particulier aux activités spatiales. Livrant leur première interview depuis le début de l’affaire, VICE les a rencontrés afin de discuter de leur canular et de ses conséquences.

Le sociologue Arnaud Saint-Martin. Photo publiée avec son aimable autorisation

VICE : Bonjour Messieurs, vous êtes les auteurs du canular qui a visé au début du mois la revue Sociétés. Pourquoi avoir choisi l’Autolib’ comme sujet de votre pastiche ?
Arnaud Saint-Martin :
Nous avons essayé de trouver un objet qui conviendrait en tant que réceptacle à jeux de mots, associations libres et surinterprétations douteuses. Et là, va savoir pourquoi, nous pensons à Autolib’ : c’est un service très urbain, nomade, branché, écolo, hyperconnecté… Mais en fait, ça aurait pu être n’importe quoi d’autre. L’imagination des « sociologues imaginaires » n’a pas de bornes ! Ils font du socio-marketing, de la « sociologie des tendances », reniflent l’« air du temps ». Avec la petite auto électrique, on est en plein dedans.

Ouais mais quand même, une voiture « transgenre », une « castration sémantique », la « postmodernité gazeuse »
A :
Ah, ces concepts, ils sont de moi, j’en suis assez fier ! Je devrais les déposer ! On voulait voir jusqu’où on pouvait tirer la corde, jusqu’où on pouvait aller dans le n’importe quoi. C’est M. Maffesoli qui parle « d’invagination du sens », on a juste poussé dans le même sens. Tout est passé, y compris une photo prise avec mon smartphone, montrant une fiente de pigeon sur le carreau d’une Autolib’, avec pour légende « Pare-brise, part maudite » (référence à G. Bataille). C’est dingue, quand on y repense.

Cet article est signé Jean-Pierre Tremblay, qui est-il et comment se sont passés ses premiers échanges de mails avec la revue ?
Manuel Quinon :
Jean-Pierre Tremblay est un étudiant québécois d’une université fictive inventé par nos soins. Nous avons dû créer une fausse adresse mail à son nom et changer de fuseaux horaires dans les envois de messages afin de rester crédible. Nous avons envoyé l’article en français québécois, en donnant du « présentement » et du « cher Monsieur le Professeur ». Sur le coup on s’est dit qu’il allait tout de suite comprendre la supercherie en ouvrant le fichier. Mais non, c’est Fabio La Rocca [N.D.L.R. : ex-coordinateur de la revue Sociétés, dirigée par Michel Maffesoli] en personne qui nous apprend qu’on est acceptés pour évaluation. C’était déjà incroyable : ils allaient nous lire et nous envoyer un retour !

Ça a donné quoi ?
A
: Ils nous avaient promis une évaluation durant l’été. Début septembre, rien. Nous les avons relancés, en pensant que nous avions été repérés (c’était tellement gros). Et là, nous recevons un message annonçant que l’article part pour évaluation. Une semaine plus tard, un mail laconique nous apprend que l’article de Jean-Pierre T. est accepté. La rédaction nous a juste demandé si les photos étaient libres de droits.

Vous avez ressenti quoi à ce moment-là ?
A :
Puisque Maffesoli nous infantilise dans les interviews qu’il donne depuis la révélation du canular, allons-y franchement. Oui nous avons bien ri, nous venions de lui jouer un énorme tour. En même temps, dans un sursaut de lucidité, on se dit, « c’est passé, c’est quand même inquiétant ». Nous prenons conscience que le papier paraîtra sur la plateforme électronique Cairn et sera publié en parallèle sur papier par les Éditions De Boeck. Il va falloir qu’on explique comment on a rédigé notre pastiche, par imitation des différentes composantes (linguistiques, rhétoriques, cosmologiques, épistémologiques) du « style » maffesolien…

M : Alors on a commencé à réfléchir à un texte explicatif, et au fil des réécritures et des allers-retours c’est devenu ces 35 pages publiées début mars sur le Carnet Zilsel – soit un mois après la parution dans Sociétés. Pour nous, ce sont ces pages qui comptent le plus, c’est là que se trouve notre argumentation. Le canular, en tant que tel, n’a jamais eu la prétention de démontrer quoi que ce soit. C’est en expliquant la manière dont nous avons construit notre faux , à partir des ingrédients propres à la pseudo-sociologie maffesolienne, que nous démontrons la « fumisterie » de l’un et de l’autre.

« Je connais bien ce style qui ne change pas, j’y ai mis tout ce qu’il fallait de références cryptiques, de Nietzsche jusqu’à Bataille en passant par Jung et Heidegger. Jusqu’à l’absurde et l’indigestion. »

Á quand remontent vos premières rencontres avec ce que vous appelez le maffesolisme ?
M :
On peut remonter à nos chères études. En 1999, nous sommes étudiants à l’Université Paris 5 et découvrons en amphi la sociologie de Michel Maffesoli. Contrairement à ce qui a été dit, nous n’étions pas « ses étudiants » (et nous n’appartenons à personne !). Nous avons simplement eu un cours magistral avec lui, comme le reste de la promo. Le personnage nous intrigue au départ, son discours est rempli de références compliquées et à l’air radical, à contre-courant de ce qu’il se fait en sociologie « classique ». Quand on pense parvenir à pénétrer ce discours et cette conception bien spécifique de l’homme et du monde, on se sent un peu privilégié dans la masse des étudiants « sorbonnards ».

A : Et à 20 ans, on est souvent un peu naïf et plein de bonne volonté – c’était mon cas. Ça flatte, on se sent « élu ». Tu n’as pas encore les outils critiques ni le recul nécessaire ; alors oui, tu es un peu fasciné du peu que tu comprends. Pendant ses leçons magistrales, Maffesoli joue de la séduction auprès des étudiants. Beaucoup tombent dans le panneau. Mais grâce à d’autres enseignements, d’autres lectures, bien plus sûres et sérieuses, la vacuité de cette sociologie de l’« imaginaire postmoderne » a très vite commencé à nous apparaître. Et nous sommes vite devenus critiques. Très critiques. Ce travail de contre-argumentation a été formateur. Par différence, il nous a obligés à penser les conditions de validité de la pratique sociologique.

Manuel Quinon. Photo : Jarek Pyrih

Pourquoi, dans ce cas, êtes-vous revenus à la charge tant d’années plus tard ?
A :
Quelque part, je gardais toujours un fond d’exaspération à chaque fois que j’entendais parler (de) Maffesoli : cette arrogance mandarinale, cette façon de poser comme maître à penser ou comme prophète incompris, cette usurpation intellectuelle. Puis un jour, je vois passer un livre, La Ville dans tous ses états de Fabio La Rocca, une caricature de sociologie maffesolienne, avec tous ses « ingrédients » métaphysiques et moraux. Le contenu de cette « enquête » sur l’« expérience urbaine » est – comment le dire – désarmant. Ça tombe des mains. Pour te donner un exemple, le sociologue marche dans la rue, il découvre une tour d’affaire, la prend en photo (c’est un « sociologue visuel ») et légende sobrement : « Phallus ». C’est grotesque, de l’herméneutique à la petite semaine, sauf que c’est publié avec la bénédiction du CNRS, qui est accessoirement mon employeur. Bref, ça m’agaçait de voir cette prose de comptoir publiée et disponible en librairie sous la rubrique « sociologie », alors j’ai écrit une recension, « Bienvenue à Maffesoland ! », dans laquelle je démonte, de façon méthodique, argumentée et caustique, le livre. Mais bon, ça a fait pschitt. Les gens me semblaient blasés et ce que nous avons appelé le « maffesolisme » ne choquait plus…

Comment vous est venue l’idée du canular ?
M :
Ce que nous voulions faire dans un premier temps, c’était une sorte de blague : pasticher cette « sociologie », à la façon des expérimentations littéraires de l’ Oulipo. Parce que la critique argumentée n’a pas de prise, que cette « sociologie » persévère quoi qu’il arrive, nous nous sommes dits : mieux vaut en rire. On l’a fait sans anticiper quoi que ce soit. C’est pendant l’automne 2013 que l’idée de faire un faux et de le proposer à la revue Sociétés nous est venue. Juste comme ça, pour voir. Au printemps 2014, on a écrit le texte d’une dizaine de pages en une semaine, par échanges de mails. C’était très facile parce qu’on connaît le jargon sur le bout des doigts. En plus de ça, on a analysé le lexique et la rhétorique de Maffesoli. J’avais une petite liste de toutes les antinomies qu’il utilise systématiquement. Je l’avais gardée de mes cours de licence et de mes lectures attentives de ses livres. Le challenge consistait à toutes les caser dans le texte. Au fur et à mesure, on les barrait de la liste… Je connais bien ce style qui ne change pas, j’y ai mis tout ce qu’il fallait de références cryptiques, de Nietzsche jusqu’à Bataille en passant par Jung et Heidegger. Jusqu’à l’absurde et l’indigestion.

Quand avez-vous décidé de le dévoiler ?
M :
On a attendu un mois, pour être sûrs qu’ils ne rappellent pas tous les numéros « papier ». Désormais l’article circule partout, alors à moins que des chevilles ouvrières du « maffesolisme » découpent l’article dans chaque numéro, Tremblay vivra toujours, façon collector. Ce qui rend d’ailleurs d’autant plus ridicule la rétractation de l’article sur Cairn par la revue. C’est un acte fort. Ça revient quand même à dire : « On est nuls, on a laissé passer un truc qui fallait pas, notre revue est une véritable passoire ». D’ailleurs, il faut regarder de près les autres papiers du numéro « Re-penser l’ordinaire ». Parmi les contributions, Jean-Pierre Tremblay tire son épingle du jeu et n’est pas le plus comique.

Un extrait du canular. Photo via Libération.fr

Quelles ont été les réactions dans la communauté sociologique ?
M :
On a reçu pas mal de félicitations des collègues, et non des moindres, qui nous congratulaient de ce travail critique qui réveillait (un peu) la profession. Un article paru dans L’Obs compile des points de vue « à chaud » de sociologues qui réagissent presque unanimement de manière positive. Mais mis à part ces déclarations, ainsi que des papiers de Baptiste Coulmont, de Bernard Lahire, de Michel Dubois, de Pierre Mercklé, ça n’a pas provoqué de débat outre mesure dans la profession. Enfin, pour l’instant.

Y a-t-il des réponses de la part des proches de Maffesoli ?
A :
Michel Maffesoli a été le seul à répondre. Personne ne semble vouloir monter au créneau. Il se défend comme il peut, seul, c’est assez triste. Il affirme que nous n’avons pas d’arguments, tout en reconnaissant que c’est un bon pastiche. Affirmer cela, ça revient à avouer que lui et ses disciples font n’importe quoi sous prétexte de « connaissance sociologique ». Dans l’article paru dans Le Monde, il suppute que nous serions « manipulés par des gens qui lui en voudraient ». C’est complètement faux et mal informé. Par exemple, le directeur de mon laboratoire CNRS, par ailleurs président de l’Association des Sociologues Enseignant-e-s du Supérieur (ASES), la même association qui serait paraît-il à la base du « complot », était au début plutôt sceptique sur notre petite opération. Il trouvait que je perdais mon temps…

« Maffesoli ne développe que des pseudo-arguments qui ne sont en fait que des attaques personnelles, saturées d’insultes et de mauvaise foi, avec le surplomb factice du vieux singe à qui on n’apprend pas à faire la grimace. »

Dans cet article, Michel Maffesoli laisse aussi croire que vous êtes « des envieux ».
M :
Oui, il ne développe que des pseudo-arguments qui ne sont en fait que des attaques personnelles, saturées d’insultes et de mauvaise foi. C’est lui qui a personnalisé un « débat » en étant le seul à répondre, avec le surplomb factice du vieux singe à qui on n’apprend pas à faire la grimace. Pour nous, cela devait rester une discussion avant tout scientifique. Car nous avançons des arguments, nous proposons une analyse de son style argumentatif, et de sa conception bien particulière de l’homme et du monde. Mais cela ne l’intéresse manifestement pas, et il semble préférer les spéculations en termes de « jalousie » et de « complot » !

A : Bon après, il faut l’avouer, notre contre-expertise sur 35 pages est radicale et ne fait pas dans le détail – mais ça, c’est le jeu de la controverse. Ce n’est pas parce que l’on s’attaque au « maffesolisme » que l’on s’attaque à la personne Maffesoli. Comme il a l’ego hypertrophié, il ramène tout à lui. Je suppose que pour un sociologue c’est désagréable d’être construit comme « objet d’étude » !

Comment, justement, définiriez-vous ce courant que vous analysez ?
M :
Le « maffesolisme » procède surtout d’une vision du monde et de l’homme, d’une métaphysique, anthropologique et sociologique, très normative. Selon cette vision, l’homme est par nature un être dionysiaque, festif, agrégatif, irrationnel. La société, elle, est définie par une alternance de cycles : tantôt l’homme y est individualiste et rationnel, tantôt il est passionnel et s’associe dans des « tribus ». La modernité signifierait le Mal, car elle briderait l’homme et mènerait, entre autres, aux atrocités ayant eu lieu au XXe siècle. À l’inverse la postmodernité dont Maffesoli se fait l’annonciateur depuis des décennies serait émancipatrice. Selon cette opposition binaire et répétée sans fin, hyper chargée sur le plan moral, nous serions actuellement à la fin d’un cycle et rentrerions de plain-pied dans la postmodernité. On pourrait dire complètement l’inverse, qu’aujourd’hui c’est justement le règne de l’individualisme « hypermoderne », ce que disent d’ailleurs des sociologues eux plutôt pessimistes ou apocalyptiques. Mais dans tous les cas, cette conception du monde dérive moins d’une observation empirique rigoureuse que d’un jugement moral. C’est ce que nous avons voulu déconstruire avec force arguments.

D’un point de vue plus épistémologique, on peut dire que cette vision du monde très personnelle précède cette construction théorique très fermée, et que cette théorie précède les faits. L’« observateur » est très sélectif : il ne retient que les phénomènes qui l’intéressent a priori, qui confirment sa représentation du monde. Il « traîne dans la rue », et tout ce qu’il voit vient confirmer ce qu’il attend du (de son) monde, sans jamais vraiment tenir compte de la complexité du réel et de tout ce qui sortirait du cadre. C’est ce qu’on appelle le « biais de confirmation », un biais cognitif bien connu en psychologie cognitive. On le retrouve dans les pseudosciences, par exemple dans l’astrologie. Interpréter des signes, conjecturer sur demain, prescrire des comportements et des destinées figés dans une inscrutable nature humaine : le sociologue maffesolien ne fait pas autre chose.

« La sociologie « postmoderne » de Maffesoli est un café du commerce, mais c’est aussi un fonds de commerce. »

Que représente le courant maffesolien dans la sociologie française ?
A :
Ce n’est pas évident à analyser en quelques mots ; le « maffesolisme » est une entité à la fois intellectuelle et institutionnelle. Il est assez bien implanté dans certaines universités, comme hier à Paris 5, et toujours à Montpellier ou à Grenoble ; il dispose de relais éditoriaux, comme Sociétés ; il se retrouve via des manifestations ou des conférences pour happy few. C’est une nébuleuse dont les contours sont élastiques et qui attrape beaucoup, et pas seulement en sociologie. Ça marche bien en information-communication, en marketing, dans les arts plastiques, en design… Sur le plan académique, il ne représente pas grand-chose et n’est plus aussi influent que sous Sarkozy ; s’ils ont pu avoir du pouvoir à un moment dans les instances professionnelles par le jeu de nominations très politiques, ces sociologues en ont un peu moins aujourd’hui. Enfin, je dis ça en observant ces manœuvres du point de vue de l’ outsider. Il se pourrait que des ficelles soient encore tirées en coulisses…

M : Il faut souligner que son influence dépasse le cadre de la sociologie académique, où il ne fait plus illusion. Il s’exporte dans d’autres disciplines et dans les médias mainstream. Maffesoli publie régulièrement sur Atlantico ou dans les colonnes du Figaro et passe quand ça lui chante chez Frédéric Taddeï. Sa sociologie « postmoderne » est un café du commerce, mais c’est aussi un fonds de commerce.

Proposez-vous une alternative à cette sociologie maffesolienne ?
A :
Ce que l’on proposerait, c’est l’inverse de l’article qu’a pondu « Jean-Pierre Tremblay ». Le programme est pourtant simple sur le papier : respecter des critères minimaux dans la conduite de l’enquête, un travail de terrain solide et rigoureux, à articuler à une théorie souple et maniable, dans un va-et-vient permanent. Ajoutons des critères très minimaux de production des énoncés sociologiques, qui supposent un recoupement des sources et des données, une combinaison de toutes les méthodes disponibles, une confrontation avec la réalité sociale, et enfin – c’est crucial – une vérification collective des résultats. La production de la connaissance sociologique ne peut pas relever de la licence poétique individuelle ; c’est une activité collective, le terrain de choix de ce que le sociologue Robert K. Merton appelait le « scepticisme organisé », c’est-à-dire de l’exercice partagé de la critique rationnelle et d’une certaine éthique de la discussion.

M : C’est peut-être ça, au fond, qui embarrasse Maffesoli et ses rares défenseurs : ils n’ont pas grand-chose à opposer à nos arguments et jouent les « victimes ». Si ça résiste encore, c’est parce que cette vision du monde est rassurante et séduisante pour certaines audiences et clientèles. Ce fait social, nous essayons de le comprendre avant d’en critiquer les effets sur les sciences sociales. En résumé, un beau sujet de socio-anthropologie de la connaissance !

Merci beaucoup à tous les deux.