Culture

FOR ALL QUEENS! : les espoirs de la scène ballroom bruxelloise

FOR ALL QUEENS ballroom in het BOZAR
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Si le Covid-19 nous a privé·es la Pride, il n’a pas su nous prendre la manif BLM. Ces deux mouvements sont en réalité étroitement liés, et le ball est leur lieu de rencontre. Glamour, danse et paillettes ; les ballrooms ont offert une scène aux personnes queer racisées, celles dont on ne voulait rien savoir dans notre société hétéronormée – que ce soit du côté blanc ou du côté noir.

En gros, pour celleux qui n’auraient pas vu le documentaire « Paris is Burning » ou la série « Pose », la ball culture est un mouvement underground créé par et pour les personnes noires et queer à New York dans les années 1920 ; même si d’autres vous diront qu’il est réellement né dans les années 1970 avec Crystal et Lottie LaBeija. Il intègre ensuite la conscience d’un public plus large dans les années 1990 suite à la sortie du titre « Vogue » de Madonna.

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FOR ALL QUEENS!, c’est une asbl enracinée dans la culture club et ballroom. On y organise des workshops et des soirées pour construire la communauté ballroom bruxelloise. On a discuté acceptation, inclusion et confiance en soi avec Zelda, membre de FAQ et MC au flow fluide.

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Zelda.

VICE : Salut Zelda, tu pourrais nous décrire ce qu’est une « Queen » ?
Zelda : C’est pas évident de donner une définition exacte vu qu’en vrai, il n’y a pas de critères spécifiques. For All Queens est un projet pour tou·tes celleux qui veulent être vu·es, entendu·es, reconnu·es et qui veulent vivre librement. Celleux qui en ont marre de se laisser faire avoir par la société. Si ça vous ressemble, si ça vous parle, félicitations : You’re a Queen.

« Lorsque la personne n’est ni queer, ni noire, cela se voit dans les performances, il manque la souffrance, la compréhension du vécu de la femme noire. »

Que peux-tu nous dire sur FAQ et la scène black queer locale ?
FAQ est un projet ancré dans la nostalgie des années 1980. L’énergie de l’époque nous manque, cette énergie des temps difficiles mais bons. On se rappelle de nos parents venu·es tout droit d’Afrique subsaharienne, avec leurs styles et leurs espoirs. C’est elleux qui nous inspirent. Aujourd’hui encore, nombreux·ses sont celleux qui n’ont pas le luxe de célébrer qui iels sont, car la société cherche toujours à les mettre à terre. On n’a donc pas d’autres choix que de tout faire pour se faire entendre et se faire une place.

Il faut dire une chose ; la Ballroom ne marche réellement que quand ça vient des personnes noires. Ou mieux ; des femmes noires et transgenres, car c’est une culture très féminine. Lorsque la personne n’est ni queer, ni noire, cela se voit dans les performances, il manque la souffrance, la compréhension du vécu de la femme noire.

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C’est quoi tes plus grandes inspirations ?
Les femmes et filles du ballroom, et ma mentor Lasseindra Ninja. Je me surprends encore souvent à être en totale admiration devant tant de force, de beauté et de vision. Les performances représentent bien plus qu’un show, c’est l’instant de délivrance. Le moment où l’on purge toutes nos peines et frustrations. On lâche prise et on s’abandonne à l’émotion. Ça dépasse l’esthétique, c’est presque spirituel, exorcisant.

« Les gens veulent voir nos shows, mais pas notre histoire. Ils veulent juste nous voir danser comme des singes et qu’on rentre chez nous après. »

Il y a un contraste intéressant à voir dans un show du genre underground mais au sein d’une institution culturelle, comme celui que vous avez fait au Bozar en février. Comment ça se passe, ce genre de collaborations ?
Oui et pourquoi ce contraste ? On associe toujours ce qui est underground avec la pauvreté. On essaie à tout prix de rester underground, mais au final, nous aussi on mérite de bien vivre et de travailler dans de beaux endroits. Après, il y a le souci de passer pour un·e vendu·e…

Du coup, c’est compliqué de travailler avec des grandes institutions. Les gens veulent voir nos shows, mais pas notre histoire. Ils veulent juste nous voir danser comme des singes et qu’on rentre chez nous après. Les gens n’arrivent pas à nous comprendre et ne nous écoutent pas réellement. On nous fait des chichis parce qu’on demande d’inclure une clause contre le racisme et l’homophobie dans les contrats. C’est compliqué de dire ce qu’on pense, car on ne veut pas paraître négatif·ve ou ingrat·e.

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Qu’est-ce qui devrait changer dans la perception de la société ?
On parle beaucoup de diversité et d’inclusion, mais quand les Blanc·hes en parlent, souvent ce ne sont que des mots et non de vrais actes de changement. Iels n’en parlent pas avec la réelle intention d’agir en faveur de l’inclusion. Au final, même le mot « inclusion » me dérange. Ça me rappelle la table des « Mean Girls » où on te dit « Ok, toi t’es cool, you can sit with us ». Mais en vrai qui décide de qui est inclu·se ? On n’est pas au Berghain, c’est quoi ce délire ? T’es pas Sven mec, casses toi ! J’ai l’impression qu’iels ne comprennent toujours pas à quel point c’est important. Pour moi l’inclusion et la diversité sont des termes inventés par les Blanc·hes qui servent à institutionnaliser et whitewash notre travail.

« Pour moi, globalement, les Blanc·hes sont racistes, les cisgenres sont transphobes et les hétéros sont homophobes. Je le vis comme ça, mais si je m’arrêtais là-dessus, je ne pourrais travailler avec personne. »

T’as l’air de penser qu’on est loin du compte…
Pour moi, globalement, les Blanc·hes sont racistes, les cisgenres sont transphobes et les hétéros sont homophobes. Je le vis comme ça, mais si je m’arrêtais là-dessus, je ne pourrais travailler avec personne. Tout est très nuancé. C’est pas parce que t’es pas Noir·e que t’es d’office une horrible personne.

Moi je crois en l’être humain. Nous sommes tou·tes des individu·es avec notre histoire propre. Moi, je suis juste Zelda, je ne m’identifie pas vraiment aux identifiants externes mais j’ai conscience de moi-même. Je crois que les labels et la différenciation des identités sont nécessaires, car c’est important que la société hétéro-normative ne puisse pas t’ignorer. Mais j’ai bien vu et compris comment ce jeu des apparences de merde fonctionne.

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C’est quoi la finalité de vos actions et événements ?
On fait ce qu’on fait pour celleux qui viennent après nous. Il faut apporter sa pierre à l’édifice. Si on s’y met tou·tes, ce sera plus facile. Le club est l’exemple parfait d’une micro-société. Tout le monde a un rôle à jouer. Dès fois, tu vas en soirée, le ou la DJ est en train de faire de son mieux, et le public est mort. Mais les gens aussi ont leur rôle à jouer ; c’est à nous de mettre l’ambiance. Puis les gens qui dansent devant, qui rient et qui crient, c’est comme ça qu’on fout le carnage.

On doit s’aimer, donner, partager et intégrer le besoin de s’ouvrir l’esprit et se demander : « Où est ma responsabilité ? ». C’est une réflexion sur ce qu’on peut chacun·e apporter à ce monde pour le rendre plus beau.

Les workshops FAQ reprendront en Septembre. En 2021, iels ont prévu d’organiser la première Black Pride à Bruxelles. Le 30 Août aura lieu leur prochain Black Pride Ball. Pour participer et connaître le lieu, vous pouvez les contacter via e-mail , Facebook et Instagram . N’oubliez pas de les suivre pour plus d’infos.

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