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techno

Je suis allée à un atelier de safe sexting pour éviter que mes photos nues se ramassent sur internet

Je voulais avoir une meilleure hygiène virtuelle et « adapter mes pratiques sexuelles sécuritaires aux codes et aux écrans ».
Image via Flickr

Comme une grande majorité de personnes de ma génération, j’ai quelques photos sur mon téléphone cellulaire qui me font sentir comme une version beaucoup moins plantureuse de Dita Von Teese chaque fois que je les regarde, mais dont je préférerais que ma mère n’apprenne jamais l’existence. Le type de photos sexy que j’aime bien envoyer à mon copain quand je le sais au travail et très occupé parce que ça m’amuse de l’imaginer perdre un peu la tête alors qu’il ne peut rien y faire. Le terme sexting est devenu particulièrement médiatisé il y a de cela deux ans, quand de nombreuses photos nues d’actrices se sont retrouvées accessibles à tous sur le web. Au lieu de s’alarmer de la facilité avec laquelle les hackeurs avaient eu accès à ce type de photos, plusieurs ont simplement choisi de blâmer les femmes en question en leur reprochant de les avoir prises. Gros et long soupir.

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Parce que j’en ai un peu marre du

slut-shaming

et que je me suis dit qu’il devait bien y avoir un moyen de procéder de manière sécuritaire,

je suis allée à un atelier de safe sexting

. Quand j’ai appris la nouvelle à mon chum, j’ai reçu en retour une réaction assez typique.

Gratuit et accessible à tous, l’atelier voulait informer sur les moyens à adopter pour « mitiger les risques à notre vie privée » et « adapter nos pratiques sexuelles sécuritaires aux codes et écrans ». Je suis donc allée apprendre comment avoir une meilleure hygiène de vie virtuelle avec une dizaine de personnes des deux sexes entre le début de la vingtaine et la mi-trentaine. Pour briser la glace, les animatrices de la soirée nous ont demandé de nous présenter et d’expliquer pourquoi on se trouvait là. Je m’attendais à quelques rires gênés et des moments de silence, mais tout le monde s’est lancé rapidement. Si la plupart étaient présents par curiosité, d’autres m’apparaissaient comme de véritables bêtes technologiques cherchant à protéger leur vie privée et utilisant des expressions comme « protections de datas » et « messages cryptés », qui me font me demander si j’ai passé les quinze dernières années de ma vie à utiliser mon cellulaire de la bonne manière. J’apprends rapidement que mes datas, mes informations personnelles sur mon cellulaire converties en données numériques, sont facilement accessibles à n’importe qui se prend pour Mr. Robot. Je commence à m’agiter nerveusement sur ma chaise. Quand le sujet du fameux cloud – cet espèce de dossier nous permettant de sauver nos données informatiques sur internet – est abordé, je me félicite mentalement de mon refus systématique de l’utiliser. Depuis que j’ai vu le film Sex Tape avec Cameron Diaz, où un couple rend une vidéo de leurs ébats sexuels accessible à leur entourage par le cloud, je fais systématiquement un doigt d’honneur à mon iPhone chaque fois qu’il me rappelle que je n’ai pas transféré mes données depuis plus de 300 jours. Il semble que mon amour pour les mauvais films de série B m’ait protégée jusqu’à présent, puisque qu’il s’agit en fait de la chose la plus facile à pirater. Il suffit de trouver votre mot de passe et n’importe qui peut automatiquement avoir accès à tous les textos x-rated que vous avez envoyés à votre ex un samedi soir où vous vous sentiez un peu trop nostalgique. Pour vous assurer de protéger vos photos et messages textes personnels, mieux vaut en faire des copies et les sauvegarder dans des fichiers privés sur votre cellulaire, protégés à l’aide d’un mot de passe complexe. « Je connais une personne qui utilise des paroles de chansons comme mot de passe. C’est facile à se rappeler, mais ça rend la tâche beaucoup plus difficile aux hackeurs », explique Lex, une des organisatrices de l’atelier.

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La discussion dérive après quelques minutes sur la notion de consentement. Parce que oui, en 2017, il est encore difficile pour certaines personnes de comprendre qu’on ne se meurt pas tous de recevoir une photo représentant un gros plan de parties génitales. En fait, les règles de décence sexuelle s’appliquent également au sexting. « Non seulement le consentement, c’est sexy, mais c’est aussi obligatoire. Si vous recevez une dick pic sans l’avoir demandée, cela est considéré comme du harcèlement », déclare une des organisatrices. J’ai une pensée pour toutes les photos du genre non sollicitées que j’ai déjà reçues dans ma messagerie Instagram, et je me demande si je n’aurais pas dû poser des gestes concrets pour éviter que cela se répète.

Oui, mais lesquels? « En fait, la première chose que vous devez faire quand vous envoyez une photo sexy à quelqu'un, c’est de s’assurer que la personne veut la recevoir. Ensuite, c’est de vous assurer personnellement que cette personne ne montre la photo à personne », explique une des animatrices de la soirée.

« Dans le fond, si une personne te demande pourquoi elle devrait te promettre de ne pas montrer tes nudes à d’autres personnes, c’est un peu l’équivalent du gars qui te demande pourquoi il devrait mettre un condom, right? », lance spontanément une des participantes. Cette phrase résume si parfaitement le problème que peut poser le sexting que je ne peux m’empêcher d’y penser encore en rentrant chez moi à la fin de l’atelier.

Au final, combien de personnes en viennent à faire aveuglement confiance à d’autres, se sentant protégées par la douce illusion du web? Mon esprit divague et je pense à toutes ces personnes qui se retrouvent actuellement sur des sites de revenge porn sans le savoir. D’ailleurs, prise par une soudaine inquiétude, je me demande si je ne suis pas moi-même sur l’un de ces sites. Aussitôt arrivée chez moi, j’ouvre mon ordi et me mets à attaquer Google en semi-panique. Ça ne fait pas cinq minutes que je suis dans mes recherches que j’abandonne, dégoûtée par des phrases comme « that bitch had it coming ». Je m’éloigne de mon ordi, attrape mon cellulaire et envoie balader à voix haute la notification me rappelant de mettre à jour mes données sur le cloud. Hell no.

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