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La maison aujourd'hui. Image via Wikimedia Commons 
Crime

Le jour où un chasseur de fantômes s’est poignardé dans une maison hantée

En 1912, une maison de Villisca, dans l'Iowa, a été le théâtre d'un meurtre tragique. En 2014, son histoire a pris une tournure encore plus étrange.
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR

En 1912, un meurtre atroce eut lieu dans la petite ville de Villisca, dans l’Iowa, aux États-Unis. Tous les occupants d’une maison furent retrouvés massacrés à la hache dans leur lit. Il y eut huit victimes au total : deux adultes et six enfants. Personne n'a jamais été condamné pour ce crime. 

C'est à cette époque que la maison a acquis la réputation d'être hantée. Elle est passée entre plusieurs mains jusqu'à ce qu'elle devienne un musée dans les années 1990. Des visiteurs ont rapporté avoir entendu des bruits de pas dans des pièces vides et vu des objets se déplacer tous seuls. En conséquence, la maison a commencé à attirer des enquêteurs paranormaux autoproclamés du monde entier. Les propriétaires du musée, Darwin et Martha Linn, ont senti une opportunité de marché et ont mis les chambres en location.

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Dans la nuit du 7 novembre 2014, un chasseur de fantômes et ses parents âgés se sont présentés à Villisca. C’est Johnny Houser, le gardien du musée, qui a enregistré les invités, avant de rentrer chez lui pour se coucher. Il était loin de se douter que quelques heures plus tard, le fils serait retrouvé dans une mare de sang, un couteau de chasse planté dans sa poitrine. Il s'était apparemment poignardé lui-même, sans aucune raison évidente. Johnny nous a raconté le déroulement des événements.

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Johnny Houser. Photo publiée avec son aimable autorisation.

La première fois que j’ai visité la maison, je ne croyais pas aux fantômes. Honnêtement, je trouvais ça stupide. Je me souviens d'avoir envoyé des SMS à mes copains pour me moquer. Je venais juste d’emménager à Villisca avec ma femme. Tous les jours, je me promenais et je croisais Darwin, en salopette, qui s’activait dans son jardin. Un jour, il m'a regardé et m'a dit : « Quitte à être là tout le temps, autant te rendre utile. Tu veux un travail ? » J'ai accepté de m’occuper de l'entretien du bâtiment, du gardiennage et du site web. La clientèle du musée comprend principalement des jeunes femmes passionnées de true crime et des chasseurs de fantômes.

En 2014, la nuit qui allait tout changer avait commencé comme n'importe quelle autre. J'étais dans la grange et j'attendais que les clients arrivent. J'ai vu la voiture s'arrêter et un monsieur en est descendu. Alors qu’il se dirigeait vers la grange, j'ai pu voir qu'il avait un couteau de chasse attaché à sa ceinture. Il portait un pantalon de camouflage, ce qui n’a rien d’anormal par ici, alors j'ai haussé les épaules et je l'ai laissé entrer.

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La maison telle qu'elle apparaissait dans les premières coupures de presse.

Il m'a semblé très normal, même si j’étais étonné qu’il soit venu avec ses parents âgés. Je dirais qu’il avait la cinquantaine. Finalement, il m'a expliqué qu’il voulait offrir à la maison un peu de son âme, alors j'ai dit : « OK, cool, bon courage avec ça ». Puis je suis rentré me coucher. 

Le lendemain matin, à mon réveil, j'ai vu que j’étais tagué sur tout un tas de posts sur les réseaux sociaux. Les gros titres disaient : « Un homme se poignarde à la maison hantée de Villisca. » Je n'arrivais pas à y croire.

Je me suis précipité vers la maison où j'ai fait venir deux de mes amis. Je ne voulais pas faire cavalier seul dans une telle situation. Nous sommes donc entrés, et sur le sol de la cuisine, un ours en peluche ensanglanté était enveloppé dans une couverture. Ma première pensée a été : « Pas encore, pas dans cette maison. » J'ai découvert par la suite que le monsieur au couteau de chasse était entré seul dans la maison, pour faire une sorte d'enquête en solo dans la chambre du gamin. Et c'est là que ses parents l’avaient trouvé, le couteau enfoncé dans sa poitrine. Il avait ensuite été héliporté jusqu’à un hôpital d'Omaha, au Nebraska, où il avait survécu.

C’est tout ce que je savais. En fait, je voulais le contacter, mais je n'ai jamais osé le faire et ce n'est que quelques années plus tard que j'ai découvert ce qui s'était vraiment passé, quand le tournage d’une émission de télévision sur les activités paranormales a eu lieu à la maison. Elle s'appelait Kindred Spirits, et les producteurs avaient convaincu le type de revenir sur les lieux. Un jour, je suis entré dans la grange, où ils avaient installé tout leur matériel, et j'ai vu le type assis là, sur une chaise. Je n’ai pas pu m’empêcher de crier à voix haute : « C’est vous ! »

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J'étais choqué de le voir. Je lui ai dit que j’avais un million de questions à lui poser et il a dit qu'il essaierait d’y répondre du mieux qu'il pouvait. D’abord, j’ai voulu savoir pourquoi il avait apporté un couteau. Il m'a expliqué qu'il avait l'habitude de porter des armes de poing, mais ne connaissant pas les lois de l'Iowa, il avait préféré apporter un simple couteau. Alors je lui ai posé la question qui me brûlait la langue depuis longtemps : que s'était-il passé ?

Il m'a raconté qu'il était allé seul dans la chambre afin de provoquer les fantômes pour qu'ils viennent à lui. Il s’était ensuite réveillé aux urgences sans le moindre souvenir. À ce moment-là, il s'est mis à pleurer très fort, disant que cela avait ruiné sa vie car tout le monde pensait qu'il était fou ou qu'il cherchait à faire le buzz.

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Un autre article sur le meurtre original et un suspect qui n'a jamais été attrapé. Image tirée du Day Book, 14 juin 1912.

Lorsque nous sommes entrés dans la maison tous ensemble, il était juste à côté de moi. Et la première chose qu'il a faite a été de s'excuser. Il s'est excusé d’avoir élevé la voix et dérangé les fantômes. Il disait cela en regardant le plafond et en tremblant. C’était vraiment bizarre à voir.

Je doute qu'un fantôme l'ait poignardé, soyons réalistes, mais peut-être qu'il y a quelque chose dans cette maison qui agit sur les personnes mentalement instables. Peu importe, je ne veux rien avoir à faire avec tout cela. 

Certes, le meurtre de 1912 était horrible, et je pense que cela laisse une empreinte sur les lieux. Lorsque vous allez à Auschwitz ou dans des endroits où une tragédie s'est produite, vous sentez que quelque chose de mal est arrivé.

Quoi qu'il en soit, je veux continuer à faire tourner la maison. J'ai peur que si quelqu'un d'autre l'achète, il en fasse une farce. Et j'espère qu'un jour, mes enfants reprendront le flambeau.

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