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Sexe

Avec des célibataires belges qui datent en ligne à cause du confinement

Petit conseil si vous vous y mettez : faites gaffe à l’angle de la caméra et au potentiel double menton qui va avec.
Arkasha Keysers
Antwerp, BE

Si vous êtes célibataire, extraverti·e et que vous aimez faire de nouvelles rencontres, le coronavirus et le confinement qu’il implique vous sont probablement d’autant plus cruels. Fort heureusement, des solutions existent. On a parlé à des célibataires qui ne manquent pas d’alternatives pour maintenir un semblant de vie amoureuse en ces temps de distanciation sociale.

Vendredi soir, lors d'une soirée obscure bien arrosée, vous avez entamé une discussion avec ce·tte séduisant·e inconnu·e. Et aussi pressante que soit votre envie de combler le vide affectif que vous avez creusé ces derniers jours, c’est pas gagné. Heureusement, cette personne s’avère être une créature miraculeusement inventive, qui, même en période de confinement, arrive à se frayer un chemin dans ce labyrinthe qu’est la vie de célibataire.

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Ellen* (29 ans) suggère aux célibataires d'utiliser leurs potes pour leur faire de la promo : « Si quelqu’un fête son anniversaire et qu’on le cite dans des stories Instagram en disant que c’est un coeur à prendre, ça peut intéresser des gens. »

Ellen n’a pas chômé : « Le jeudi suivant le premier jour du confinement, j'ai eu un premier rencard avec quelqu'un », dit-elle. « On devait aller à un spectacle d’humour, mais il a été annulé et mon date était de toute façon malade. Du coup, sur nos ordis respectifs, on a regardé un autre spectacle du mec qu’on devait aller voir et on en discutait sur WhatsApp. Quand j'ai dit après coup que j’avais apprécié cette conversation, il a répondu : “Oui, ça va on n’a pas encore dit trop de conneries.” Et la “connerie” est devenue le thème de notre deuxième rencard. »

Quelques jours plus tard, Ellen lui a envoyé un article du Het Laatste Nieuws « 33 questions originales à poser lors d'un premier rendez-vous » ; soit assez de conneries pour meubler une discussion de quatre heures avec son date. Est-ce qu’elle pense à l’appeler en vidéo bientôt ? « Oh, pas tout de suite. Je me maquille pas pendant le confinement. Et pour un rendez-vous, c’est quand même mieux d’être bien apprêtée. »

« En temps normal, je propose de se rencontrer le plus vite possible, histoire de ne pas passer des heures devant mon écran. Plus maintenant. »

Le service de speed dating Dare to Date a su chopper l’opportunité en or que sont les rencontres vidéo. Bien que sur leur site web, iels indiquent clairement que leur vision du speed peut se résumer à « No Internet, No Phone… No Shit! » et qu'iels poussent les gens à « se rencontrer dans la vraie vie », iels ont rapidement changé de cap lorsque le coronavirus s’est installé dans nos vies. Jusqu'à la mi-avril, Dare to Date n’organise que des sessions en ligne. Pour 12 euros, soit la moitié du prix du speed dating « normal », vous pouvez désormais rencontrer des gens derrière votre écran d'ordinateur. Faites gaffe à l’angle de la caméra et au potentiel double menton qui va avec.

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Il y a six mois, Ricardo (31 ans) a quitté l'Espagne pour venir travailler en Belgique. Avant le coronavirus, il rencontrait les gens lors de soirées ou sur Tinder et Bumble. Maintenant, il ne peut plus compter que sur les applications. « En temps normal je propose de se rencontrer le plus vite possible, histoire de ne pas passer des heures devant mon écran. Plus maintenant. »

Tinder a indiqué dans un communiqué que les discussions sont désormais plus longues dans les régions touchées par le Covid-19. Ricardo, lui aussi, a désormais des conversations plus longues avec ses matchs : « Même si je m'ennuie plus, je swipe moins. Ça sert à rien de faire constamment de nouvelles rencontres avec des personnes que tu ne peux de toute façon pas voir en vrai. J'essaie de maintenir les matchs que j'avais déjà. »

La semaine dernière, après une agréable conversation, son date virtuel a aussi demandé à Ricardo s'il ne préférait pas l’appel vidéo : « Je trouve ça trop gênant. Je préfère rencontrer quelqu'un en vrai, surtout la première fois. En fait, l'ambiance sur Tinder est assez bizarre en ce moment. Toute la logique de l’app est perdue. »

Liesbet 'Lizzie' Goedemé (31 ans), propriétaire de café et célibataire, a créé son concept Venez en date il y a un an. Une fois par mois, elle transforme son café anversois, le Tram 3, en un lieu de rencontre pour les célibataires de tous âges et de toutes orientations. Liesbet s’occupe des cocktails, couvre la table et lance la playlist R’n’B. Les célibataires mangent un morceau, discutent, dansent et, parfois, finissent par s'embrasser. Est-ce que ça finit en histoires d’amour ? « Plutôt en histoires d’un soir », répond-elle.

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Quand le coronavirus a débarqué, le cupidon qui sommeille en la patronne de café ne s’est pas laissé abattre. Il y a une semaine et demie, elle a organisé une version en ligne de Komen Daten, dans laquelle elle jouait le rôle d'entremetteuse. À partir de 19h, les 110 abonné·es étaient tou·tes prêt·es derrière leur ordinateur. Liesbet a choisi les participant·es qu'elle pensait aptes pour une rencontre numérique, les a présenté·es les un·es aux autres, puis a disparu des conversations, afin que les célibataires puissent entamer un tête-à-tête par vidéo.

Après cette première session encourageante, Liesbet propose désormais officiellement le concept Appels Masqués, une version en ligne de Komen Daten, qui se poursuivra chaque mois pendant toute la période de confinement. Elle a créé un groupe Facebook où les célibataires peuvent se présenter avec des photos et un petit texte. Elle créera une fois par mois un événement Facebook sur la page où les célibataires pourront s'inscrire, sans pouvoir voir qui d'autre s'est également inscrit·e. Liesbet créera les duos et les mettra dans une conversation. « J'encourage les duos à s'appeler. Et s'iels n'osent pas, je les appellerai moi-même pour les encourager ! »

À vous de jouer !

Sur Radio 1 , Boris Cruyssaert, le porte-parole de Sensoa [un organisme d'expertise flamand en matière de santé sexuelle, ndlr.] a appelé les célibataires à tenir bon. Il a également déclaré que des personnes arrivent encore dans les hôpitaux avec « une IST qu'elles viennent de contracter ». Ce qui est plutôt inquiétant. Restez chez vous et datez en ligne.

*Ellen est un nom d’emprunt, son identité est connue auprès de la rédaction.

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Cet article a été publié sur VICE FRBE.