Le guide MUNCHIES pour choisir son vin au supermarché

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Le guide MUNCHIES pour choisir son vin au supermarché

Comme vous, on est des branques en pinard. Pour faire les choses bien, on a demandé à un spécialiste de nous filer quelques trucs pour ne plus rester planté des heures devant le rayon vin.

Contrairement aux idées reçues, la plupart des Français n'y connaissent pas grand-chose voire que dalle en pinard. Pour en être convaincu, il suffit d'aller dans un supermarché et d'observer le consommateur lambda saisir sa boutanche à l'aveuglette en pensant faire un choix « correct ». S'ensuit un drôle de manège : un interminable pèlerinage dans les rayons à la recherche de la fameuse « meilleure bouteille », celle qui accompagnera tantôt l'apéro, un dîner en tête-à-tête ou le pot de départ de votre ancien collègue licencié. Résultat des courses, face à l'imposant mur de quilles qui s'offre à vous, c'est la roulette russe. Pour éviter tous types de mal de crâne – avant ou après le passage à l'acte –, on vous a préparé un guide pour bien choisir son vin quand vous vous pointez au supermarché du coin.

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On ne va pas se mentir : comme vous, on est des branques en pinard. Pour faire les choses bien, on a demandé l'aide d'un spécialiste en la personne de William Ripley. Notre référent a bossé comme négociant en vin à New York avant de s'installer sur Bordeaux et de lancer, en 2014, le Cubiton, un projet qui a pour but de redonner ses lettres de noblesse au vin en cubi. Dans sa quête du contenu qui s'accorde avec le contenant, William a pas mal traîné dans les grandes surfaces et les supérettes de quartier – il est donc plutôt bien placé pour nous refiler quelques astuces. Voici donc les meilleurs plans pour toper une bonne bouteille de vin dans un supermarché, en 9 règles non exhaustives, mais qui vous seront putain d'utiles.

Toutes les illustrations sont de Lucile Lissandre.

Goûter le plus possible

Le vin c'est avant tout le plaisir de découvrir, de nouvelles saveurs mais aussi de nouvelles ivresses. Si jusqu'à présent, cette notion de la découverte se limitait à casser la gueule de la première bouteille venue, à partir de maintenant, le premier conseil de William sera de vous intéresser à ce que vous buvez. Chaque occasion de déguster un vin deviendra pour vous un moyen d'élargir vos horizons et d'éduquer votre palais. Si plusieurs bouteilles se trouvent sur la table, goutez-les toutes ! Ce sera toujours mieux que de vous casser la tête (et les papilles) sur ce mousseux dont votre oncle s'obstine à vanter les mérites à chaque repas de famille. Si vous avez une idée précise de ce que vous aimez boire, c'est un bon début pour orienter vos recherches devant l'étendue des bouteilles qui se présentent à vous dans un supermarché.

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Accepter de lâcher au moins 5 balles

Si vous ne voulez pas vous infliger un mal de crâne de 9 sur l'échelle de la cuite, préférez toujours mettre la main au portefeuille plutôt que d'économiser en achetant de la piquette. Une règle d'or appliquée par William qui estime qu'au-dessous de la barre des cinq ou six euros, la qualité du vin sera particulièrement hasardeuse. En écartant les premiers prix, on esquive les mauvaises surprises des vins souvent bâclés et stabilisés par des produits chimiques pour éviter qu'ils tournent au vinaigre. « Quand on sait qu'il y a les matières sèches (bouteille en verre, bouchon, capsule, étiquette…), la marge distributeur, l'intermédiaire, le transport, la TVA… Finalement, Il ne reste plus grand-chose pour le coût de revient du vin, donc à un moment, c'est la marge du vigneron et la qualité du vin qui trinquent », affirme William. Payer un peu plus cher pour prendre moins cher, c'est le bon choix à faire.

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Prendre le temps de lire l'étiquette

Par réflexe ou à défaut de réelles connaissances,on a souvent tendance à choisir la bouteille la plus attrayante de l'étalage. C'est humain d'être attiré par quelque chose qui brille mais ça reste assez hasardeux. Selon William : « Une jolie bouteille, c'est déjà un bon début, mais un cerveau c'est mieux. » Et quand la boutanche qui attire vos faveurs ressemble plus à un lampadaire Starck avec typo médiévale qu'à une quille de pinard, vous êtes en droit de vous remettre en question. Dans la grande majorité des cas, c'est en lisant l'étiquette du vin, notamment celle au dos de la bouteille, que vous pourrez en apprendre davantage sur l'identité géographique, l'histoire du vignoble, les cépages utilisés, les éventuels millésimes, classements et autres appellations… Il n'y a pas de meilleure façon de rentrer dans le dur.

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Et si vous n'entravez rien de tout ce charabia, écoutez l'Épicure qui sommeille en vous et qui vous répète que ça vaut le coup de s'y intéresser un peu. Le but ne sera jamais de réciter par cœur toutes les AOC ou IGP de votre région mais au moins de connaître celles qui sont susceptibles de vous exciter le palais. Idem pour les cépages (la variété de raisin utilisé) : vous découvrirez rapidement qu'un Pinot Noir n'a souvent rien à voir avec un Cabernet Sauvignon. Encore une fois testez, retenez les goûts, et au pire, renseignez-vous : le pochetron qui sommeille n'en sera que rassasié.

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Connaître au moins deux trois millésimes et appellations

Par exemple, on sait que pour les Bordeaux, les années 2009 et 2010 sont de très bons millésimes. Selon William, si on en trouve à 5 ou 6 euros la bouteille on peut y aller les yeux fermés – tellement ces années-là, la météo et les conditions de maturations furent idéales. « Dans la tranche des vins à moins de 10 euros, le millésime n'influe que très peu sur le prix final. Pourtant à l'intérieur d'une bouteille, il peut se passer beaucoup de choses d'une année à une autre », explique notre spécialiste. D'où l'importance de surveiller la météo.

Concernant les appellations, le goût varie selon les terres et les régions. Plus on descend vers le Sud, plus on a des vins intenses. Au sein même du vignoble bordelais, par exemple, on distingue des différences entre la rive gauche et la rive droite de la Garonne : du côté de Saint-Emilion, le Merlot offre des vins portés sur le fruit alors que sur la rive gauche, le Médoc donne naissance à des vins plus forts grâce au Cabernet Sauvignon. Il est de notoriété commune que les Languedocs et les Côtes-du-rhône sont des vins plus puissants contrairement aux Bourgognes ou aux vins de la vallée de la Loire, réputés plus légers.

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Ne pas faire confiance au « Grand vin de… »

Car le vin que vous vous apprêtez à acheter ne vient sûrement pas d'une petite propriété. Pour être référencé en grande distribution, il y a un minimum de volume à fournir. Ça ne veut pas dire que les vins seront mauvais – loin de là –, mais pour l'image du petit vigneron qui gère ses 4 hectares de vignes, il faudra repasser car pour ces bouteilles-là, c'est chez le caviste que ça se passe.

Sur l'étiquette, certaines mentions sont volontairement alléchantes et on peut vite s'imaginer au Puy Du Fou avec Jon Snow qui taille ses vignes au coupe-ongles. C'est le jeu du marketing, après tout. Sachez tout de même que derrière les mots « propriété » ou « château » peuvent se cacher un hangar en tôle. En revanche, les mentions « Mis en bouteille au château » ou « Mis en bouteille à la propriété » garantissent une certaine traçabilité : elles certifient que les différentes étapes de production (de la récolte, à la vinification en passant par la mise en bouteille) sont effectuées au même endroit. Un minimum pour la fine gueule en crise de manque au milieu des rayons que vous êtes.

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Se méfier des promos

Si les supermarchés font des promotions sur leurs vins, c'est qu'il y a forcément une raison : c'est pour écouler un vin qui s'est mal vendu (pas forcément pour son goût mais pour son look ou son prix), c'est pour vendre un vin encore bon mais qu'il ne faudrait pas garder plus longtemps en raison de son âge, ou c'est pour orienter les clients vers un vin en particulier.

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Selon William, si les supermarchés organisent des promos, ce n'est pas systématiquement pour nous prendre pour des pipes : « Même s'il a des impératifs économiques, un chef de rayon vin ne va jamais se tirer une balle dans le pied en proposant du vent. Il veut que son client revienne acheter chez lui. Ces mecs s'y connaissent bien en vin – certains ont une formation en œnologie – et contrairement à ce qu'on pourrait croire, ils réalisent des sélections souvent intéressantes. » Alors OK, ça vaut peut-être le coup de tester, mais restez sur vos gardes.

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Faire attention aux médailles en carton

Comme tout bon professionnel du vin, William s'est longtemps méfié des médailles. Malgré tout, elles fascinent. On a tendance à se dire qu'une bouteille qui a remporté la médaille de bronze à l'équivalent des Jeux Olympiques du pinard est forcément bonne. Faux. Les médailles, en vin, ça veut tout et rien dire. Malgré tout, si les vins médaillés ne sont pas automatiquement meilleurs que les autres, ils ne sont pas pires ! Donc pas vraiment de risque à ce niveau-là. « Au milieu des médailles, il y en a notamment deux assez respectées dans le milieu : le Concours Général Agricole de Paris et le Concours des Grands Vins de France de Mâcon », précise William. Selon lui, il faut rester vigilant et conscient que n'importe qui peut créer son concours et monter sur son propre podium.

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Ne pas loucher systématiquement sur les vins BIO

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Longtemps considéré comme une esbroufe de compétition, le vin BIO a longtemps souffert d'une sale réputation dans le milieu viticole. La raison ? Un trop grand nombre de vins labellisés BIO s'avéraient instables, voire assez médiocres. Il a fallu attendre quelques années – le temps aux détenteurs du label d'affiner les techniques – pour obtenir du BIO correct. « Depuis 2 ou 3 ans, je dirais que les vins BIO sont à parvenus au même niveau que les vins conventionnels et parfois même, ils sont au-dessus. J'ai déjà participé à des dégustations à l'aveugle où des vins BIO arrivaient devant les autres », confie William. Aujourd'hui, vous pouvez acheter une bouteille marquée de ces trois lettres sans craindre que son contenant ne se retrouve au fond des chiottes après deux verres. Et en prime, vous protégerez votre santé et l'environnement puisque ces vins sont réalisés sans pesticides ni produits chimiques.

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Évitez à tout prix les bouteilles en plastique

De manière générale, tous les vins à moins de 4 euros au supermarché sont susceptibles de vous cogner la tronche. Mais si pour je ne sais quelle raison vous tentez l'aventure de la « bouteille en plastique », sachez que si l'industrie du verre a encore de beaux jours devant elle, c'est pour une raison évidente : le vin est toujours meilleur dans les bouteilles en verre. Enfin, si vous tenez vraiment à vous casser la ruche à moins de 4 balles et sans faire d'allergie au soufre, William conseille de taper dans les vins du Sud qui tournent autour des 14 % de taux d'alcool. Avec un petit budget, préférez cette alternative : ça pique un peu mais au moins vous êtes sûrs de vous mettre bien cet été.

N.B. : Bon après ça, on ne peut que trop vous conseiller de vous rendre chez les cavistes et les producteurs locaux qui seront toujours les mieux placés pour vous orienter vers la bonne boutanche et éduquer vos papilles comme il se doit.

Illustrations : Lucile Lissandre.